Critiques

The Marvels

Warning !, la présente critique sera aussi avare en surprises que le MCU en 2023 : The Marvels est aussi mauvais qu’on le dit, et il est hors de question d’en faire un incompris, une victime de la chute de popularité dudit MCU, par esprit de contradiction. Parce qu’il en fait partie, et fait donc partie du problème. Parce qu’il n’est pas une victime, mais une arme. Et une à la visée bien foireuse, apparemment. En phase avec son temps. Le MCU périclite. Tout le monde le dit. Les fanboys and girls sont aux abois… ou peut-être sont-ils passés à autre chose, qui sait, après tout, le temps a passé, et même eux sont désormais adultes et (triple-)vaccinés. Les guignols cocaïnés de l’empire Disney n’arrivent décidément pas à relancer la machine depuis Avengers : Endgame, qui n’était lui-même pas terrible, pour être honnête, et les trois dernières années ont été calamiteuses, trois ans de mauvais films ou presque, la première moitié de Shang-Chi, le fan-service éhonté de Spider-Man: No Way Home et le globalement réussi Les Gardiens de la galaxie 3 luttant à faire passer le goût des mauvais Black WidowLes ÉternelsDoctor Strange in the Multiverse of MadnessThor: Love and ThunderBlack Panther : Wakanda Forever, et Ant-Man et la Guêpe : Quantumania. Pas de surprise : à une occasionnelle exception près, chaque nouvel opus du MCU semble ainsi servir à confirmer cette tragique réalité, comme si c’était sa fonction première, susciter la curiosité morbide du spectateur : à quel point Disney a-t-il merdé, cette fois-ci ? Bref : The Marvels est mauvais. Mais à quel point ? « Aussi mauvais qu’on le dit », ça fait combien ?

Avare en surprises ne signifie pas vide de surprise. Autant le poser d’entrée pour que la boucherie à venir n’ait pas l’air gratuit : ce cru automne 2023 n’est MÊME PAS le pire Marvel. Alors qu’il avait quand même sacrément TOUT pour. D’abord, il avait cette connasse de Brie Larson en tête d’affiche (aaaaah, ce selfie poseur sur Instagram en « hommage » à Stan Lee, le jour de sa mort !), quoiqu’elle partage ladite affiche avec deux autres actrices, comme si Disney l’avait rétrogradée pour ALLEZ SAVOIR quelle raison (mmmmh !). Ensuite, il y avait l’absence dramatique d’arguments vendeurs : cette nouvelle aventure avait donc à nous offrir… une des superhéroïnes les moins appréciées du public, rejointe dans son combat contre des méchants archi-génériques par une minette dont personne n’a vu la série Disney+ (Miss Marvel) et une autre nana toute aussi secondaire, aperçue dans la sympathique Wandavision, dont la nature des pouvoirs est super vague… et on était censé s’étonner du four ? Il y avait aussi le « girl power » en carton de l’archi-saoulant wokisme selon Saint-Mickey, je m’arrêterai brièvement dessus en fin de critique. Enfin, il y avait l’identité visuelle vue et revue 10 000 fois, ces quinze dernières années, parce que 93% des films du MCU se ressemblent, et que le public commence ENFIN à trouver ça saoulant… quand on vous dit qu’il avait tout ! À tel point que j’envisageais carrément de le zapper, moi qui fais rarement ça. Et pourtant : pas le pire.

Voilà, la surprise a été révélée, place maintenant à la boucherie, car bien que le catalogue du MCU ait pire que The Marvels, 78% du film ont été à la hauteur de mes attentes les plus ignominieuses. The Marvels, suite de Captain Marvel, mais aussi de Wandavision, de Miss Marvel, et, dans un sens, de cet échec télévisuel historique qu’a été Secret Invasion. Comment le décrire en une phrase ? Ah, voilà : un enchainement hasardeux d’intrigues sans lien solide ayant pour protagonistes des personnages dont on se fout un peu beaucoup dans un film qui parvient à paraitre long alors qu’il est le plus court du MCU et peine à faire rire alors qu’il a fait le choix tristement classique de tout tourner à la rigolade. Ok, la phrase était un peu longue.

Drôles de drames

Commençons par la principale intéressée. Brie Larson, quoiqu’archi-bien foutue, continue de ne pas emballer le public, ce qui en dit long sur son charme naturel. Peu importe qu’elle soit une actrice talentueuse : oui, elle est impeccable dans un film comme Room, mais ça ne dit RIEN de sa capacité à endosser un rôle iconique de superhéroïne ! Soyons réalistes : si son Captain Marvel a cartonné, c’est, d’une, parce qu’il est sorti entre les deux mastodontes Avengers : Infinity War et Avengers : Endgame… et de deux, parce que le monde ne connaissait pas encore suffisamment l’actrice pour la détester. Brie Larson n’est pas Scarlett Johansson. Ni Alison Brie, d’ailleurs. Ni même Bree Olson. Les défenseurs du film arguent qu’il a souffert de l’absence de promo due à la grève des acteurs, mais je pense que les chiffres seraient, au contraire, ENCORE PIRES si Larson était allée l’ouvrir chez Jimmy Kimmel. J’ai écrit plus haut que Disney l’a un peu rétrogradée en la réduisant au tiers d’un trio de « super-héroïnes » dans la suite de SON film ; le méga-échec de The Marvels obscurcit davantage encore l’avenir de la girl boss. De toute façon, le MCU est censé se trouver de nouveaux superhéros, plus jeunes, pour cette nouvelle décennie, non ? Remarquez, si la nouvelle génération est plus « woke » encore que la précédente, Larson sera peut-être épargnée…

Le scénario, écrit par trois femmes parce que SORORITÉ, est un bordel sans nom qui n’a À AUCUN MOMENT une idée claire de ce qu’il raconte, ni même de ce qu’il veut raconter. Son action est centrée sur une histoire de super-bracelets à réunir pour dominer l’univers où une connerie dans le genre, cas de MacGuffin plutôt basique comme Hollywood nous en surgave depuis Thanos et ses pierres d’infinité… mais tout semble avoir été inutilement tordu pour ne parler QU’AUX générations Z au cerveau cybercâblé, laissant sur le carreau le reste du public, notamment ceux qui ont été fatigués par l’hystérie du dernier acte d’Across The Spider-Verse. Ceci dit, après enquête, il semblerait que même les générations Z ont été saoulés par le blabla pseudo-scientifique (ou « technobabble » en anglais) censé rendre MOINS ridicule ce qui se passe à l’écran.

Que se passe-t-il de particulièrement ridicule, à l’écran, par exemple ? Principalement, le « place swap » entre les protagonistes (et non « body swap » car ça, c’est ce qu’on a dans Freaky Friday). Ce n’est pas forcément du MAUVAIS ridicule, hein : un divertissement du MCU n’a pas les prétentions d’Interstellar. On a donc envie d’y voir L’IDÉE cool du film, raison pour laquelle la promo n’a pas manqué de l’exploiter jusqu’à l’os. Mais elle n’est vraiment cool que de loin. De près, la justification de son existence, de la connexion entre les pouvoirs pourtant très différents des trois superhéroïnes, est un plantage total. C’est d’ailleurs la source principale du « technobabble » susmentionné, et totalement vain, puisqu’au mieux, 0,002% des spectateurs penseront avoir compris ce qu’il n’y avait pas à comprendre. Par ailleurs, le film néglige un peu l’idée, une fois passé son premier acte étonnamment divertissant (bien qu’il ait des airs d’épisode de série dont on a loupé les précédents, et que le tout aurait davantage marché avec des personnages plus familiers et plus populaires…). Quel terme ai-je utilisé, plus haut ? Ah oui : hasardeux.

Mais le plus remarquable accomplissement de ce bordel sans nom de scénario est que pour justifier leur intrigue, les scénaristes ont ajouté au background de Carol Danvers une tragédie monumentale sortie de NULLE PART où la superhéroïne, en détruisant l’IA suprême d’une planète, aurait involontairement déstabilisé cette dernière et provoqué une guerre civile au sein de toute une civilisation qui aurait conduit à la disparition de ses océans et au déclin de son soleil. Premier problème : Danvers raconte ça (mais d’un air super grave, hein, attention)… puis le film passe à autre chose. Une histoire de héros, au sens mythologique du terme, commettant une erreur aux proportions bibliques dont les conséquences tragiques lui valent d’être appelée « l’annihilateur » par tout un peuple, c’est du lourd, non ? Ça méritait mieux, non ? Dans un autre film, et avec un autre superhéros, peut-être. En l’état, tout ce que The Marvels nous en donne à voir est un flashback foireux. Deuxième problème : un flashback foireux ET un gros boulet au pied de sa précieuse Carol Danvers, à présent coupable d’un tas de saloperies théoriquement impardonnables, d’autant que SA justification pour rejoindre si tard la lutte contre Thanos est… qu’elle était occupée à sauver le monde ailleurs (sic). Enfin, troisième et dernier problème : cette révélation n’aura AUCUN impact sur le culte que lui voue la jeune Kamala. Le fait que son idole de toujours n’est pas si respectable que ça : rien à cirer, là aussi, next. Un trio de gagneuses, ces scénaristes.

Signe d’un film d’action raté : un antagoniste raté. Dans The Marvels, cet échec porte le nom exotique de Dar-Benn (énième cas de « gender-bending » féministe), personnage qui rappelle vaguement la Hela de Thor: Ragnarok pour son statut et le Ronan des Gardiens de la galaxie pour son arme et son sérieux de crise cardiaque (à la différence que Ronan était écrit comme tel sur le ton de l’humour), mais pique surtout ses motivations vengeresses au Batman de Batman v Superman… et qui est surtout joué par une nana aussi intimidante qu’une prof de yoga, alors que Thor: Ragnarok, lui, avait au moins Cate Blanchett. Cataloguable au panthéon des antagonistes les plus pourris du MCU. Et si un fan encyclopédique du comic venait m’expliquer en quoi j’ai tort… je lui répondrais qu’on parle du FILM, ici, et que dans le film, ce personnage est… un des plus pourris du MCU.

Pire signe encore d’un film raté : des PROTAGONISTES ratés ! J’ai déjà dit tout le bien que je pense de Brie Larson, mais quid de son personnage ? Alors, il se la joue moins que dans Captain Marvel, ce qui est toujours bon à prendre… mais l’antipathie qu’il inspirait est, de fait, remplacée par de l’apathie : c’était une badass tête de nœud en 2019, elle est moins tête de nœud mais également BIEN MOINS badass en 2023. En gros, on s’en fout. Et dans le feu de l’action, son pouvoir démesuré, qui lui donne de francs airs d’invincibilité à faire passer Superman pour l’Abbé Pierre, pose autant problème qu’il ne le faisait dans Captain Marvel : tout protagoniste digne de ce nom a des failles, si héroïque soit-il, or Carol Danvers n’en a pas, Carol Danvers est une parfaite girl boss, DONC quand le film la confronte à des méchants fascistes de l’espace, ben, on ne ressent rien, puisque le dénouement est prévisible. Pose également problème sa « nièce » Monica Rambeau : si elle intriguait vaguement dans Wandavision, fifille s’avère finalement être un personnage inepte, en plus d’une superhéroïne aux pouvoirs criminellement vagues… et dont l’interprète Teyonah Parris continue de porter des combinaisons moulantes en totale inadéquation avec son cul de trois tonnes (pour le coup, c’est elle qui aurait dû porter le costume chaste de Kamala Khan, j’en reparlerai plus bas). À un moment, je me suis pris à rêver de la Scarlet Witch du Multiverse of Madness débarquant dans le film et zigouillant ces deux-là de façon bien salissante. Mais je m’égare.

Faire vibrer son public avec des personnages ratés relevant de la magie noire, les tentatives de donner un tant soit peu d’épaisseur dramatique aux relations entre les trois nanas, que ce soit à l’écriture ou via la mise en scène, font regrettablement plouf, à commencer par celle censée unir émotionnellement Carol et Monica. Bien sûr, l’habituelle surdose marvelienne de blagues mimolettes ruine toute dramaturgie, mais même sans elles, le scénario était bien trop mal écrit pour que le film produise le moindre effet. Et alors qu’une bonne musique orchestrale sert souvent de cache-sexe à la médiocrité dans ce genre de grosses machines, celle étrangement médiocre de Laura Kapman n’est, ici, même pas fichue d’aider, jamais ! Ni dans les scènes dramatiques… ni même dans les scènes d’action, en dépit de l’habituel recours à un orchestre mélodramatique (fun fact, son thème principal, celui censé sortir les gros bras, pompe carrément un morceau de la musique de la série Chuck, si, si).

Peu importe que l’on n’attende rien du film, lesdites scènes d’action sont, elles aussi, une déception, compte tenu des moyens déployés : elles manquent parfois de visibilité – affaire de mise en scène, de montage, mais aussi d’effets spéciaux numériques parfois bien brouillons –, leurs chorégraphies sont rarement inspirées, et la réalisatrice se vautre généralement à les préparer, échouant à surprendre, échouant à enthousiasmer d’avance. En fait, seule la scène de la chute libre entre Monica et Kamala stimulera quelque peu l’amateur d’action, avec son montage alerte et ses CGI cette fois-ci très réussis, alors que c’est probablement la seule scène d’action sans violence du film. Au rayon boum-boum, grand classique du MCU, le 3ème acte du film sera à la fois le puis spectaculaire et le plus rasoir… là où celui du nullissime Antman et la guêpe : Quantumania avait au moins le « mérite » de distraire son monde avec de la bouffonnerie sans filtre et irrécupérable. Ne pas être le PIRE film du MCU n’a pas que des avantages.

DaCosta a pourtant tenté quelques trucs, comme si, quelque part, elle était consciente qu’il vaut mieux avoir mauvais goût que de n’en avoir aucun. Inspirées peut-être par les pitreries antipathiques de Taika Waititi, l’homme qui se fout de tout et en fait une source de comédie ratée, la réalisatrice et ses copines coscénaristes ont donc ajouté à leur scénario déjà calamiteux deux-trois sous-intrigues d’un tel niveau de portnawak qu’on les qualifierait presque de sketchs, comme celui qui se déroule sur une planète dont les habitants chantent au lieu de parler (là, on tutoie les cimes du « cringe »), ou encore celui de l’évacuation de la station à bord de chatons mutants avec, en fond musical, la chanson Memory, de la comédie musicale Cats (qui méritait tout, sauf cet hommage). On peut aussi mentionner l’idée elle aussi portnawakesque de faire monter la famille Khan à bord de la station spatiale, en temps de guerre… juste parce que ce sera rigolo, MDR. Bref. Ce laisser-aller total – on imagine les producteurs s’exciter sur ces idées foireuses lors d’une séance Zoom – est symptomatique d’un AUTRE des maux qui rongent le MCU depuis trop longtemps : le recours cheap à l’humour, faute d’être assez talentueux pour divertir SANS virer à la bouffonnerie. Les deux premiers Spider-Man de Sam Raimi sont des modèles, à cet égard : Raimi ne fuyait pas le sérieux lorsque le ton devait être plus sérieux. Il avait trop à coeur de raconter une HISTOIRE pour la parasiter avec une fiesta de blagounettes à la con.

On déduira de cette inconsistance tonale et de ces dérapages sidérants que DaCosta a été brutalement dépassée par à peu près tout, dans la conception de ce machin. Prévisible ? Prévisible. C’est le lot de quasiment tout réalisateur s’essayant pour la première fois à un de ces blockbusters où leur voix comptera peu, ou comptera mal. Seulement, je doute que cela nous ait privés d’un bon film, cette fois-ci, à la différence du cas des Éternels, par exemple, dont la réalisatrice Chloe Zao (sororité !) est autrement plus talentueuse, et autrement moins matrixée idéologiquement. Parce que DaCosta n’a pas QUE son idéologie à la con pour boulet ; on lui doit l’archi-mauvais remake de Candyman. Comment voulez-vous être émus par son plantage ?

La partie qui fâche

Alors donc, on y arrive. L’inévitable sujet à aborder à chaque sortie d’un nouveau film du MCU, pour quiconque a l’excellente idée d’être à la fois un gros réac ET un amateur de popcorneries hollywoodiennes.

Une chose laissait croire que The Marvels apporterait une contribution de taille au monument de la Justice Sociale californienne : ce grand moment de malaise où DaCosta a mentionné le sinistrement fameux moment d’Avengers : Endgame où tous les personnages féminins se regroupent dans un même glorieux plan, comme pour une photo de classe d’études de genre… et a dit « donnez-moi un film entier de ça ! ». C’était plutôt mal barré, non ? Et pourtant, sa contribution au MCU n’est finalement même pas foutue d’intégrer le top 5 des plus atteints. Pas de prêchi-prêcha sur le combat quotidien des femmes contre le patriarcat, pas de personnage trans ni d’étudiante métisse intersectionnelle. Il n’en est cependant pas moins « woke ».

D’abord parce que le casting l’est, à 100%. Nombre de mâles blancs dans un rôle parlant : UN, et un qui joue un sous-fifre de la méchante « racisée », par-dessus le marché, hein ; littéralement TOUS les autres personnages appartiennent à des minorités, jusqu’au gros Noir à rastas de la station, histoire de cocher en plus la case « body positivity » (même chose qu’avec le personnage de B-15 dans Loki). Non, ces lignes ne sont pas écrites par un Blanc furax de ne pas voir assez des siens dans un film ; le problème est que… n’est-on pas censés être TOUS représentés équitablement, dans le Disneyland supposément égalitaire du wokisme ? N’est-ce pas l’idée ? On m’aurait menti ? Et on parle de films produits et conçus en majorité par des mâles Blancs, juste pour souligner l’ironie…

Ensuite, et ce second problème a lui aussi trait au postulat d’équité de la gauche woke : dans la dernière scène de The Marvels (enfin, celle avant la scène post-générique) (qui est en fait en plein milieu du générique, mais ça ne fait rien), quand Kamala débauche Kate Bishop, personnage de la série Disney+ Hawkeye qui a fini par devenir plus important que Hawkeye lui-même parce que c’est une minette… suis-je le seul à avoir entendu crier dans sa tête « female avengers unite ! » ? Peut-être est-ce le début de la formation des « young Avengers », qui comptera forcément quelques mecs, hein, je ne dis pas. Mais aussi… peut-être pas ? Dans tous les cas, cette dernière scène fleure bon la « sororité » tant à la mode à Hollywood, cet Hollywood dont le féminisme hors de contrôle des années 2010 a ruiné bien des films, à commencer par la franchise Star Wars, lui aussi propriété de Disney, soit dit en passant… Au fait, le personnage de Monica est traumatisé par la mort de sa mère, mais pourquoi est-ce que RIEN n’est dit sur son père, déjà ?

Oui, l’esprit derrière ces films de superhéroïnes a quelque chose de problématique. Non, ces lignes ne sont pas écrites par un gars qui n’aimerait voir que des gars à l’écran (hum). Les héroïnes d’action bien écrites, il connait ça depuis son enfance dans les années 90. L’esprit dont je parle, c’est celui que promeut une DaCosta, militante optionnellement réalisatrice plutôt que cinéaste ascendante militante, quand elle souhaite un film rempli de nanas. D’une, combien de femmes ont envie de voir ça ? Pas des masses, apparemment, vus les fours commerciaux que sont ces films… De deux, a-t-on eu un seul équivalent masculin, ces quinze-vingt dernières années ? Un film où les femmes seraient exclues au nom de la « fraternité » ? Même dans le premier Avengers, un paradis viriliste en comparaison de ce qu’est devenu le MCU, il y avait Black Widow. Mais justement : on parle ici de « ce qu’est devenu le MCU ». Celui que de plus en plus de monde sur la toile appelle le « M-SHE-U » (aaaah, « She-Hulk » !). Parce que le premier Avengers, c’était avant. 2012, c’est un Âge de pierre honteusement réactionnaire où la lutte intersectionnelle en était à ses balbutiements. L’époque où Disney comptait sur son rachat de Marvel pour masculiniser un peu son image, les comics étant en majorité lus par des jeunes hommes, avant que les fanatiques de la Justice Sociale ne pirate le bordel et le féminisent dans un grand et long et atroce moment d’ironie… Face à cette débandade, comment ne pas être nostalgique de l’univers Marvel dans son état pré-politisé ? Et quand Tessa Thompson, autre insupportable connasse woke, réapparait brièvement dans son rôle de « valkyrie » black et LQBTQ+ (rires), étrangement habillée comme dans son four féministe Men in Black : International, comment se sentir d’humeur flexible ?

The Marvels : L’excitation de Khan

La réalité est donc une chose complexe. On aurait aimé que The Marvels soit le pire film du MCU, sur le plan cinématographique, sur le plan idéologique, sur le plan anthropologique. Comme on aurait aimé que Venom ne soit pas une merde, par exemple. Raté. Le MCU nous a donné pire que The MarvelsAnt-Man et la guêpe : QuantumaniaThor : Love & Thunder (celui-ci est pire que tout, en même temps). Black Widow, même, malgré ScarJo. Mais qu’est-ce que The Marvels a donc de plus que ces foirages-là ? Sa première partie, confirmons-le : un peu foutraque mais distrayante, avec quelques bons moments, comme la scène où le « chat » crache les soldats Krees dans le salon de la famille Khan – le « chat » n’étant alors pas encore suremployé. Quelques répliques sympas, comme « oh it’s cool, it’s Carol », quoique seuls 0,004% des one-liners font mouche (« You’re forgetting something ! » « What ? » « Me ! », tan-tan-taaaaan). Le frère de Kamala essayant d’éteindre leur mère avec la télécommande de la télévision parce qu’elle parle trop, comme pratiquement toutes les vieilles mères asiatiques du MCU. Ça, ça m’a fait marrer, deux secondes. Mais non, ce qui rend le film regardable, c’est avant tout l’adorable Iman Vellani dans le rôle de Kamala Khan, toutes deux boostées par un enthousiasme qui, à défaut d’être contagieux, donne plusieurs fois envie de se relaxer un peu devant le spectacle. Mais oui, Kamala Khan, la superhéroïne musulmane au costume le moins sexy de l’histoire, comme par hasard, celui-là même que Monica Rambeau aurait dû porter… Kamala Khan dont je n’ai même pas maté en entier la bande-annonce de Miss Marvel, sa série parait-il bien pourrie… qui l’aurait cru ? Dans le film de la pas drôle DaCosta, Iman fait figure de mini-animatrice de choc, suffisamment énergique et enthousiaste pour mettre l’ambiance là où il n’y avait normalement pas moyen (la plupart des quelques répliques funs du film viennent d’elle, comme « I will drop high school ! »). Peu importe ce que l’on dit de Miss Marvel, sa jeune interprète a un potentiel de comédienne autrement plus prometteur que ceux de Brie Larson et Teyonah Parris. Il aurait été intéressant de la voir jouer davantage, et davantage de scène dramatiques, ce qui serait arrivé si le trio de scénaristes sororiteuses avait eu les couilles (ho ho ho) d’écrire autre chose qu’une bouffonnerie, par exemple, et/ou s’était contenté d’un duo composé d’une superhéroïne et de sa petite fan, d’un duo Captain Marvel/Kamala Khan, plutôt que de bricoler un trio avec une Monica Rambeau dont tout le monde se f… ah pardon, j’avais oublié, représentation !

Blague à part, ça n’aurait cependant rien changé au fait problématique que la rasoir Carol Danvers ne mérite AUCUNE fan, pas même petite, ni au fait que la jubilation extatique de Kamala à son égard est, de fait, démesurée. Vous voulez une jubilation justifiée ? Présentez Peter Parker à Tony Stark, par exemple (Spider-Man : Homecoming) ? Ou Barry Allen à Bruce Wayne (Justice League). Pas Kamala à Carol Danvers. D’aucuns diront que si des millions d’ados idolâtrent des bécasses de chanteuses pop, il n’est pas incroyable qu’une Kamala idolâtre une (prétendue) justicière superpuissante, et ils auront raison, ce n’est pas irréaliste… mais le public n’est PAS une adolescente. Surtout pas celui de 2023, où les conneries ont assez duré. « O captain, my captain ! », sérieusement ? Juste non, Disney.

Conclusion

Mais ne vous inquiétez pas, les fanboys and girls. Disney a compris. Il suffit de voir l’AUTRE scène post-générique, avec Monica Rambeau et… une version alternative de sa mère, jouée par la toujours aussi charmante Lashana Lynch (désolé, c’était une blague) : comment dire non ? Les gars en RAJOUTENT dans cette connerie de multiverse alors que la saga du multiverse est PRÉCISÉMENT ce qui réussit le moins au MCU, mais ça ne fait rien. Et puis il y a toujours Spider-Man, non ? Si. Enfin, peut-être. Difficile à dire. Face à l’hécatombe qu’a été l’année 2023 pour les blockbusters, certains suggèrent que nous atteignons (enfin) l’ère tant attendue du changement de paradigme où la mécanique hollywoodienne parfaitement huilée s’enrayerait (en gros, où une bonne poignée de gros machins produits pour cartonner se planteraient méchamment, comme l’a prophétisé Spielberg dans les années 90), où ce coup de bambou forcerait les studios à reconsidérer leur politique mortifère et les pousserait à innover, et sortirait le cinéma mainstream de l’impasse dans laquelle il s’embourbe depuis au moins quinze ans. Disney est à surveiller de très près… et pas juste pour parler de superhéros.

Notes

– Se croyant bien au chaud dans ce four de luxe, Samuel L. Jackson cachetonne maigrement, alors que sa cote dans le rôle de Nick Fury a sacrément chuté, cette année, à cause de la catastrophe Secret Invasion… ci-dessous, une photo de lui se rappelant avec amertume qu’il a aussi tourné chez Tarantino.
– Question… si Carol Danvers a le pouvoir de rallumer le soleil, pourquoi lutte-t-elle à battre Dar-Benn ? Je veux dire… UN SOLEIL ? Non ? Quelqu’un ? Oh, et comment peut-elle respirer dans l’espace, déjà ?

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