Spin Me Round
Attention, lecteur, te voilà en terra borderline incognita. Spin Me Round est un film dont seuls les amateurs français de son actrice, la merveilleuse, l’iconique Alison Brie, daigneront écrire une critique dans leur langue maternelle. Et encore : peut-être la présente critique est-elle la SEULE qui lui est dédiée, à ce jour ! Mais ça n’aurait rien de scandaleux : Spin Me Round est un mauvais film. Le cinéma indépendant US n’en manque pas. La plupart n’arrivent jamais chez nous. Le présent est d’ailleurs un inédit : ses chances d’atteindre nos salles obscures sont de zéro, et de bénéficier d’une sortie streaming en français, très, très faibles. Et c’est mérité. On avait envie de l’aimer, hein, ce Spin Me Round, avec son tournage en Italie et son casting de « gueules » de la comédie US. Mais c’est mauvais. Seulement voilà : Alison Brie. Si vous la connaissez, vous comprenez. Si ce n’est pas encore le cas, la même chose, mais au futur.
C’est d’autant plus déprimant pour lesdits amateurs, français ou autres, qu’ils le voyaient venir. Parce qu’Alison Brie, toute merveilleuse et iconique soit-elle, a pris l’habitude de ne jouer que dans des mauvais films (Jamais entre amis est le seul bon film mainstream dont elle a joué le rôle principal), et que la tendance semble s’accentuer… maintenant qu’elle prend part à leur gestation. Mariée à l’acteur-réalisateur-scénariste-bôgosse Dave Franco, elle a coécrit Spin Me Round avec Jeff Baena, ami de la famille qui l’avait auparavant dirigée dans la mauvaise comédie déjantée Les Bonnes sœurs (The Little Hours) et dans le drame psychologique raté Horse Girl, leur première collaboration scénaristique, après avoir réalisé dans son coin une autre mauvaise comédie déjantée, Life After Beth (interprété par Aubrey Plaza, qui sera le second point positif du présent film). Rien de très enthousiasmant, comme vous pouvez le constater. Aux amateurs de l’Alison Brie d’origine, celle qui se contentait de jouer dans des séries cultes (Mad Men et surtout Community), Alison Brie fait du Alison Brie. Ou plutôt, Alison Brie EST Alison Brie, parce qu’elle le vaut bien, avec ses grands yeux de la couleur de la Méditerranée par beau temps (voir ci-dessous), son hyper-expressivité aux frontières du cartoonesque, son air d’absorber naturellement les ondes du monde qui l’entoure, et sa capacité surnaturelle à passer instantanément de l’innocence faite chaton à la lubricité bonne franquette. Quiconque sait ce qu’elle vaut ne peut qu’être preneur. Elle fera même les yeux Disney, comme aux meilleures heures de Community. Dans un film dont la mise en scène ne sera généralement pas à la hauteur de son talent de comédienne, notamment en termes de tempo comique. Mais si c’était le seul problème !
Sens-dessus-dessous
Non, le problème de Spin Me Round est qu’il EST un problème. Insoluble. Il a un casting solide, un joli cadre, et le reste est plus ou moins à jeter. C’est un joli bordel schizophrène qui ignore ce qu’il veut être, essaie donc plein de choses, parfois en même temps, et échoue sous toutes les formes, semi-parodie sans couleurs, romcom qui ne s’assume pas, pseudo-thriller incongru, et comédie mal fichue. La satire de la culture « corporate » est survolée à un tel point qu’on ne peut vraiment parler de satire (« Serious hat off, fun hat back on », sérieux ?) ; le thriller aux relents vaguement horrifiques dans lequel il bascule vers la fin est d’un grand-guignolesque qui parait volontaire, mais dont le ridicule, lui, ne l’est certainement pas ; et surtout, SURTOUT, quand il essaie de faire rire, il se plante méchamment – l’auteur de ces lignes a passé tout son visionnage du film un calepin en main pour pouvoir noter les bons mots… en vain (une brune complètement cruche sortant des trucs tartes du genre de « oh, I LOVE family ! », voilà, c’est l’humour). Et bien que le film échoue lamentablement… il fait comme si tout allait bien, croyant que le spectateur s’éclate autant que lui, qu’il partage son délire, qu’il adhère à son étrangeté, disons, bien à lui, comme s’il faisait partie des happy fews – et que faire partie des happy fews était une chance inestimable. Le film EST étrange, oui, singulier, mais pas en bien. La bonne nouvelle, pour le spectateur prêt à quitter le navire sans état d’âme, est qu’il montre dès le début des signes de son goût pour le décalé lourdingue ET de son incapacité à le faire fonctionner, notamment avec la publicité de la chaîne de restaurants dans laquelle travaillent les protagonistes, où les comédiens se baffrent de plâtrées de pâtes disproportionnées : c’est ridicule, mais pas assez poussé ni assumé pour faire rire, contrairement, par exemple, aux fausses bandes-annonces au début de Tonnerre sous les Tropiques. Tonnerre sous les tropiques : bon film. Spin Me Round : film un chouïa paumé.
L’incertitude pathologique du film quant à sa nature pose des problèmes de ton qui se manifestent, eux aussi, assez rapidement. Les ruptures de ton, ce n’est pas forcément négatif, à condition que ce soit maîtrisé, dans le cadre d’un film qui a les yeux en face des trous, ce qui n’est, vous l’avez compris, pas le cas de Spin Me Round, qui essaie d’être fun mais pas SEULEMENT : fun ET étrange (comme suggéré plus haut), fun ET grotesque, fun ET ridicule, pour un résultat qui déconcerte plus qu’il ne fait rire ou ne touche. Son casting de « gueules » de la comédie US a été mentionné plus haut : avec des acteurs comme Zach Woods de The Office, Tim Heidecker de Tim and Eric’s Bedtime Stories, Fred Armisen du SNL (voir ci-dessous au côté d’Alessandro Nivola), ou encore Aubrey Plaza de Parks & Recreation en plus d’Alison Brie, le film a indéniablement, de loin, des airs de comédie standard gentiment irrévérencieuse post-Judd Apatow (Superbad). À moyenne distance, il leur fait jouer ce qui semble plus ou moins appartenir à la comédie. Mais au milieu de ces scènes censées former un tout cohérent, il en propose d’autres totalement discordantes sur le plan tonal. Des scènes comme celle de ce baiser lesbien, fiévreux ET nocturne (la totale), monté sur une musique qui, plutôt que d’accentuer le côté polisson ou cocasse de la situation, dramatise à mort une scène déjà bien trop sensuelle pour une comédie US. Des plans comme ces multiples plongées de l’héroïne peinant à s’endormir dans son lit d’hôtel éclairé par une lumière violette lugubre. Devant ça, on plisse les yeux et hausse un sourcil de perplexité. ET on sourit béatement, dans le cas du baiser, cela va sans dire, un peu plus à son sujet plus bas.
Cette scène du dernier acte où la fine équipe se retrouve à jouer à Mafia pour décompresser est assez représentative de l’ensemble du film, et peut-être de l’humour de Brie, en espérant que ce ne soit pas le cas : ça commence sur une proposition de jeu de cartes qui sort un peu de nulle part – roue libre – mais semble animée des meilleures intentions et laisse imaginer une joyeuse cacophonie ; ça continue avec un craquage de plomb du personnage de Dana… qui est censé amuser parce que Zach Woods et son physique d’homme-enfant font rire quand il essaie d’intimider son monde (cf. The Office, Silicon Valley, etc.) ; ce craquage bieeeen trop long est heureusement interrompu par la crise de larmes du golden boy Nick joué par Alessandro Nivola, dont l’excessivité décroche un sourire ; puis ça finit avec le personnage super-lourd de Deb (Molly Shannon) traitant tout le monde de « bitch » dans un élan d’hystérie censé… susciter allez savoir quelle émotion. Le foutoir complet.
Du malaise
Une émotion surnage, cependant : le malaise. À mesure que l’histoire progresse, le film s’enfonce lentement mais sûrement dans ce que le web anglophone nomme le « cringe ». Le « cringe » peut être délectable pour qui sait l’encaisser. Quand il met le spectateur dans un état d’embarras tel qu’il en rit nerveusement. Borat est une « cringe comedy ». Michael Scott, Le boss archi-relou de The Office joué par Steve Carell, est l’empereur du « cringe » – Carrell est un génie dans le domaine, de toute façon. Mais c’est tout un art. Au début de l’arrivée de la fine équipe en Italie, la déjà super-lourde Deb passe par la chambre d’Amber pour lui emprunter quelques fringues, en attendant de récupérer sa valise. Mais avant de les lui emprunter, elle en fait l’inventaire, et demande à Amber si tel et tel haut lui va, jusqu’à de la lingerie… alors qu’elle n’a ni l’âge, ni le physique approprié. C’est censé être drôle parce que le personnage est ridicule. Admettons, vite fait. Le problème est que Baena fait durer la scène plus de deux minutes. DEUX MINUTES. Pourquoi ? Sans doute parce que plus ça dure, plus c’est ridicule, et donc plus c’est drôle ? Si c’est ça, l’idée, Baena aurait dû faire durer sa scène CINQ minutes. Le spectateur aurait assurément atteint des sommets d’hilarité.
Et dans ces cas, le fond reste bon. Le « cringe » induit la dérision et l’autodérision. Spin Me Round finit par se complaire dans une mesquinerie, voire une méchanceté vis-à-vis de certains personnages qui déplait, carrément, plutôt que de simplement faire grimacer. Qui a envie de voir une tarée jouée au premier degré traiter au premier degré notre adorable héroïne Amber comme une merde dans une scène mal éclairée ? A fortiori dans un film qui vend de la romance, fût-elle parodique, des décors de rêve, et de forcément succulentes pizzas margherita ? Personne. On frôle même le glauque, à quelques moments (du glauque comme on en a en quantité dans le décevant Horse Girl). Quand, à la toute fin du film, Nick offre à Amber un bébé tortue, placé au fond d’une sorte de boite à chaussure sans lumière ni eau, et qu’Amber lui répond sèchement qu’elle n’en veut pas, avant de le rejeter violemment en l’aspergeant de mayonnaise et, une fois seule, de se marrer comme si elle avait accompli quelque chose d’exceptionnel, « glauque » est le seul mot qui vient en tête. Qu’une créature aussi lumineuse que Brie se spécialise dans le bête et méchant a quelque chose de désolant (voir ci-dessous Alison dans un moment de lucidité).
D’ailleurs, l’expression « spin me around » n’a-t-elle pas une connotation positive ?
WTF ? GTFO.
« What kind of plan is that ?! », demande Alison Brie à Zach Woods, dans le troisième acte du film. C’est la question que se pose à plusieurs reprises le spectateur, face à Spin Me Round.
Spin me Round parait un assemblage bordélique de moments que l’actrice tenait à jouer et Baena voulait mettre en scène – raison pour laquelle le film change de ton toutes les cinq minutes et pour laquelle la sauce ne prend pas. Peut-être n’ont-ils pas ressenti le besoin de travailler leur scénario pour faire tenir ensemble tous ces moments, pour proposer une histoire, euh, digne de ce nom qui leur donne du sens, et le résultat n’est-il dû qu’à leur fainéantise inconsciente ? Peut-être est-il, au contraire, le fruit « maîtrisé » d’un dur labeur, dans toute sa triste nullité ? Allez savoir.
Mieux : Spin Me Round semble parfois un film bricolé par des étudiants en première année de cinéma qui ont voulu « tenter des trucs » – mais pas des trucs visuels, hein, en terme de mise en scène, le film est d’une platitude établie –, un peu comme James Franco sur son premier film The Rental. Certaines scènes du film semblent se croire dans une comédie parodique désopilante comme celles du collectif Zucker-Abrahams-Zucker (Y a-t-il un pilote dans l’avion ?, la série des Y a-t-il un flic…), à la nette nuance que Spin Me Round n’en est PAS une, et que ses délires font donc l’effet d’un cheveu bien gras sur la soupe. L’effet d’un « WTF ? » (initiales de« What The Fuck », « c’est quoi ce bordel ? ») qui se répètera lourdement dans la seconde moitié du film, notamment dans son dernier acte, avec l’incursion susmentionnée dans le registre du thriller vaguement horrifique (voir ci-dessous le plan à haut degré d’horrifisme), qui décuplera ce désagréable sentiment – la jolie photographie versatile du chef opérateur Sean McElwee est tout ce qui fera tenir cette dernière partie, et à un fil. Dans le second acte, lors de la soirée organisée par le décadent Ricky (Fred Armisen) où démarre la sensation de malaise, l’épouse de Nick, jouée par la Tricia Helfer de Battlestar Galactica (nostalgie) surgit de nulle part pour une scène parfaitement incongrue avec Amber dans les toilettes des femmes, avant de disparaître. Intérêt : zéro. « WTF ».
Le final, qui voit une meute de porcs tueurs dévaster une orgie SM, dont les quelques plans de fesses rappellent décidément les lubies polissonnes d’Alison (1), est un exemple paroxystique de mauvais « WTF » en ce qu’il n’a aucun rapport avec la choucroute. Le film n’y conduit pas logiquement. Le « WTF », c’est comme une science. Comme le « cringe », il se calcule. Il doit seulement PARAÎTRE n’importe quoi, car le registre de la comédie parodique désopilante est le seul cadre où le VRAI n’importe quoi peut s’épanouir. Ici, on a juste une collection de délires aléatoires. Ici, il y a « WTF » parce qu’on ne comprend pas grand-chose aux intentions du film, et qu’on se demande un peu pourquoi il nous fait subir tout ça. Les moments qui ne procurent aucun plaisir s’enchaînent, comme la scène susmentionnée où Amber se fait engueuler, et ils n’ont pas de raison d’arrêter, puisque le film ne sait pas ce qu’il fait… et le spectateur se trouve alors dans un état d’appréhension permanent – yay, appréhension. La scène désagréable du bébé tortue : pourquoi ? Qu’est-elle censée nous raconter ? La fragilité du mâle alpha, qui la joue latin-lover mais lutte en fait avec ses émotions comme une pisseuse ? L’émancipation triomphante de l’héroïne ? (2) D’où ? Admettons : est-ce en phase avec le reste du film ? Euh… non ?
La présence au casting de Molly Shannon, qui n’a AUCUN intérêt à intégrer le film à son CV tant elle y est encore plus insupportable qu’escompté, est un stigmate du « WTF » dilettante dans lequel s’enkyste le film. Elle est crédible en Américaine super fake, puis en boulet de service, puis en excentrique mal lunée, parce qu’elle est une actrice décente, mais elle n’a certainement pas le charisme, ni le scénario n’a la qualité appropriée, pour faire fonctionner un personnage aussi antipathique. Sa présence dans le film semble ne tenir qu’à une énième lubie d’Alison, dont elle est une proche amie – on vous l’a dit, Spin Me Round est comme un film de vacances détendu du gland déguisé en quelque chose de respectable. Les personnages secondaires, et donc certains de leurs interprètes, paient généralement cher le n’importe quoi dans lequel les fait barbotter le film : Baena et Brie ont pris leurs employés de chaîne de restaurants, normalement suffisamment compétents pour avoir été conviés à un séjour de formation, et les ont transformés en incapables complets, à faire passer les personnages de Parks & Recreation pour des winners, dans le seul but de faire marrer l’auditoire – ou du moins essayer de faire marrer. C’est marrant, quand les gens sont nuls, hein ?
Alison & Aubrey
Mais. Mais, mais, mais… il y en a une qui tire son épingle du jeu. Une qui tire TOUJOURS son épingle du jeu. Même dans des films comme Dirty Papy (sic) et le précité Les Bonnes sœurs (oui, elle joue aussi dans celui-là). Question de charisme. Ou d’air. Sans doute des deux. La sauvageonne Aubrey Plaza a le charisme de la fille bizarre MAIS cool du lycée et l’air de n’avoir rien à foutre de ce que les gens pensent, et c’est ce qui fait son charme. Elle a son personnage, limite une marque déposée, pince-sans-rire et gravement excentrique, tellement rôdé qu’elle semble parfois s’y perdre, et peut rendre culte une réplique aussi ridicule que « Come on, time is money, money is power, power is pizza, pizza is knowledge, let’s go ! » (3). Sans surprise, ça lui a fait courir le risque de s’enfermer dans un rôle, ce contre quoi elle lutte efficacement, ces dernières années, le meilleur exemple étant sa performance brillante dans la géniale – et obsédante – comédie dramatique indé Black Bear. Alors, vous vous en doutez, rien de tout cela, dans Spin Me Round. Baena et Brie ont demandé à Plaza de faire sa Plaza, en terrain familier, comme Brie y fait du Brie. Mais on ne va pas s’en plaindre. Au contraire : c’était la garantie que le film aurait au moins une deuxième chose qui fonctionne.
On peut vouer un culte éternel à Brie, être carrément prêt à sacrifier son premier-né en son honneur, le fait est que Spin Me Round ne démarre vraiment qu’à l’arrivée de Plaza, jamais meilleure qu’en roue libre, comme son personnage insaisissable de Kat, qui fume, picole et jure comme une charretière. Les moments où l’on a l’impression de voir un film un tant soit peu réussi, puisque divertissant, sont les scènes que se partagent les deux actrices, toujours très heureuses de jouer ensemble. Il en ressort quelques petits moments aussi charmants qu’amusants comme celui où Kat demande à Amber si elle a lu Gabriel Garcia Marquez, et où cette dernière, larguée, répond d’un petit « mm-mmh » affirmatif comme seul Brie sait les composer. QUELQUES. Hélas, ces scènes sont minoritaires, puisque Plaza disparait moins de trois-quarts d’heure plus tard… laissant Brie de nouveau seule… non pas dans le noir, mais dans le mauvais film qu’elle s’est co-bricolé. Ces moments ne pouvaient exister QUE dans des intermèdes entre deux pseudo-rebondissement de son intrigue pourrie, et à la condition d’être interprétés par des comédiennes suffisamment charismatiques pour faire illusion. Autant dire que Plaza n’aura rien à voir avec le dernier acte du film. Mais qui sait, peut-être sa présence l’aurait-elle rendu regardable ? Peut-être son étrangeté personnelle, NATURELLE, aurait-elle donné de la consistance et de la logique à l’étrangeté en plastique du film ? Allez savoir. Dans tous les cas, c’est en sa présence que Brie livre sa meilleure performance du film dans ce qui est également son moment le plus grotesque (voir ci-dessus).
Brie + Plaza fait donc figure de parenthèse enchantée, dans Spin Me Round, de film dans le film, qui aurait des airs de « buddy movie » quasi-lesbien, ou d’« aspirantes-fuck-buddy movie », si vous préférez, durant le temps d’une virée nocturne improvisée et pleine d’une surprenante sensualité (elles seront ici heureuses de jouer ensemble à en exécuter leur étreinte avec un zèle honorable)… alors qu’il aurait dû être LE PLAT DE RÉSISTANCE du putain de film. On aurait volontiers pris deux heures de ce « buddy movie », quatre heures ! Au lieu de ça, le personnage de Kat disparait, virée sans sommation par ce gros boulet émotif de Nick, évacuant Plaza sans lui laisser le temps de saluer l’auditoire ou sa petite camarade, comme si l’actrice n’était venue sur le tournage que pour s’amuser deux-trois jours, et basta. Ça fait de la douleur. Ça donne l’amertume. Souffrance.
Conclusion
En 2020, Brie, dont la médiocrité de la carrière ciné a été évoquée en début de critique, est apparue dans trois films, en plus du méga-raté Horse Girl : l’ambitieux Promising Young Woman, dans lequel elle joue un petit rôle, l’insipide romcom lesbienne Happiest Season, où elle joue un rôle à peine moins mineur, et The Rental, catastrophe indé-strielle réalisée par… son mari Dave Franco, acteur potable (The Disaster Artist a montré qu’il pouvait jouer), mais réalisateur et scénariste a priori calamiteux. Son prochain film ? La romcom Somebody I Used to Know… qu’elle a coécrit avec son mari… et que ce dernier a réalisé. Forcément. Parce qu’elle et son mari ont le sens de la famille, on y retrouvera la Perse Ayden Mayeri, on y croisera Amy Sedaris, avec qui elle a joué dans la brillantissime série animée Bojack Horseman, et le film marquera surtout ses retrouvailles avec Danny Pudi, l’Abed de Community. Pas de Plaza, en revanche, dommage. Ni de Molly Shannon, mais dans ce cas, on survivra. Enfin, si l’on survit au film.
Alison, pour la millième fois, réveille-toi.
Notes
(1) Brie ne se contente pas de peloter Plaza, dans le présent film ; elle mime carrément une fellation pendant plusieurs longues secondes, un peu comme elle l’avait fait dans le bêtisier de Community…
(2) La nature méga-woke de Brie suggère que c’est probablement ça.
(3) Véridique.
Et pour finir, une brève réapparition de l’Annie de Community, le temps d’un plan :