Jackie
Avec son personnage historique fascinant mais pas nécessairement intéressant dans l’intimité, son actrice déjà bien primée, ses seconds rôles plus ou moins grimés, et la pléthore de biopics féministes rasoirs sortis ces dernières années – on pense par exemple aux ignominieux Diana, avec Naomi Watts (2013), et Grace de Monaco (2014), avec Nicole Kidman –, Jackie semblait avoir tout du pudding hagiographique à Oscars : on voyait venir à mille bornes la performance ovationnée pour le principe, le monologue-tour de force au milieu du film, les quelques figures de style que se permet à peine, pour exister dans un spectacle consensuel, un réalisateur trop effrayé par son sujet pour prendre…
Personal Shopper
Personal Shopper était un des films que j’attendais le plus à la fin de l’année 2016. Il y a des films dont les vibrations, ou du moins ce qu’on perçoit des vibrations, séduisent de très, très loin, et même à faible dose. Pour moi, c’en était un. (Avertissement : les deux prochains paragraphes sont un avant-propos, la critique commence après.) Votre serviteur n’est pourtant pas un inconditionnel de son réalisateur, Olivier Assayas : s’il tient en haute estime son « diptyque Maggie Cheung » composé d’Irma Vep (1996), joli film plein de caractère sur la démarche de création cinématographique, et de Clean (1996), grand film sur l’âme du rock’n’roll (2004),…
Le Redoutable
Le Redoutable est une excellente surprise. Il aurait pu ne pas en être une. La présence à la barre de Michel Hazanavicius, talentueux transfuge de Canal+ à qui l’ont devait quelques solides contributions à la comédie française (La Classe américaine et le retour d’OSS 117 avec le très bon Le Caire, nid d’espions et surtout le génial Rio ne répond plus) avant qu’il ne surprenne tout le monde avec sa très sérieuse comédie dramatique muette The Artist, aurait dû augurer du meilleur pour une incursion comédique dans la biographie d’un cinéaste culte. C’était sans compter deux choses. D’abord, son imbitable fresque guerrière The Search, sorti en 2014, où sa femme Bérénice Béjo s’est tout autant…
10 Cloverfield Lane
Cloverfield. Quel cinéphile pop-corneur actif en 2008 et un minimum respectueux des conventions est passé à côté de cet épatant coup de fouet au genre du « found-footage » (sorti chez nous quelques mois avant l’espagnol Rec, soit dit en passant…) ? Que l’on ait accroché ou pas, l’OVNI de l’écurie Abrams a produit son effet, et ce dès sa brillante campagne promotionnelle à une époque où les réseaux sociaux n’avaient pas encore tué toute spontanéité en ce bas-monde – difficile d’oublier cette première bande-annonce qui avait rendu fous tout un paquet de nerds dans les salles de cinéma avant la projection de Transformers. Tout le monde aime les surprises. On peut d’ailleurs s’étonner…
A Most Violent Year
Thriller tendu comme une corde au cou, drame anti-spectaculaire à infusion aussi lente qu’excitante, radioscopie presque contemplative de l’échec moral du capitalisme libéral, pur plaisir des yeux pour plusieurs raisons qui se valent, porté par deux performances d’acteurs au sommet de leur art : A Most Violent Year (1), ou l’élégance incarnée. Une élégance, une retenue, et une vision du monde qui n’étonneront pas quiconque est familier de Margin Call, chef-d’œuvre traitant d’un sujet proche et premier long métrage de J.C. Chandor, dont le présent film est le troisième. Oui, le gars est rapide. « Anti-spectaculaire ». Il est important d’insister sur ce terme pour épargner une douloureuse perte de…
Don’t Breathe : La Maison des ténèbres
Alors qu’Alien: Romulus sort en salle, petit retour sur ce qui est, à ce jour, le meilleur film de son réalisateur. En deux mots : « woh putain ». Voilà un petit thriller bien tendu du string, et d’un sacré standing, comme on y a rarement droit, à quelques exceptions près, comme 10 Cloverfield Lane. Et puisqu’on parle de film de genre, petit avertissement au lecteur qui n’a pas encore vu le film : la classification de Don’t Breathe dans le registre de l’horreur est… discutable. Certes, on a l’inquiétante affiche qui annonce un spectacle sinistre, et les yeux HANTÉS de terreur de son actrice principale enjoignant les nôtres à…
Welcome Back (Aloha)
C’est quoi, ce bordel ? Voilà la question qui a assailli les amateurs du cinéma de Cameron Crowe et quantité de cinéphiles avisés lorsqu’ils ont appris, au début de l’été 2015, l’annulation de la sortie française de son nouveau film Welcome Back. On parlait quand même de Cameron Crowe, le réalisateur du méga-hit Jerry Maguire, du chef-d’œuvre sur le rockn’roll Presque célèbre, et de cet autre hit qu’a été son remake d’Abre los Ojos, Vanilla Sky. On parlait quand même d’un film avec Bradley Cooper, tête d’affiche, Emma Stone, « it girl » en passe de devenir actrice oscarisable, Rachel McAdams, semi-tête d’affiche, et dont le « supporting cast »…
Jupiter : Le Destin de l’univers
Bon. Jupiter Ascending… Jupiter Ascending, c’est l’histoire d’un brillant scientifique qui est TELLEMENT brillant qu’en fait, le seul prénom qu’il a été foutu de trouver pour sa fille, c’est celui d’un dieu masculin, et ce malgré les protestations inspirées de son épouse. « Il y a bien des femmes qui s’appellent Georges, donc tout est possible », l’entend-on presque dire. Ce à quoi l’on répondra instantanément, non sans une certaine perplexité, que les parents des Georges filles ont le sens de l’humour, ou plus probablement des goûts de chiottes. En parlant de chiottes… ! Non, c’est trop tôt. On y revient après la pub. Avant-propos pour rire (la « vraie » critique commence au…
Hardcore Henry
Alors voilà, tout commence quand Henry se réveille dans un laboratoire qui ne lui dit rien de bon. En trop peu de temps pour que son cerveau ait le temps de traiter les informations, il découvre qu’il a été ressuscité par sa femme, Estelle, et qu’il est désormais une sorte de putain de cyborg. BIEN ÉVIDEMMENT, le gars n’a aucun souvenir de son passé, mais il n’a BIEN ÉVIDEMMENT pas le temps de s’attarder là-dessus parce que bam, une escouade de patibulaires molosses débarque et kidnappe la pauvre Estelle. Henry, sans perdre une seconde, se lance alors dans une course effrénée pour la sauver. Mais ça ne sera pas une…
Wild
Les récits de « road trip » initiatique sont du pain béni pour le cinéma et la fiction en général, surtout lorsqu’ils s’accompagnent d’une dimension rédemptrice. Bien sûr, leur simplicité d’approche est à double-tranchant : n’importe quel zozo se croit capable de raconter la vie, l’amour et la mort avec un sponsoring du Guide du Routard, une voix-off pseudo-méditative, et une poignée de rencontres hautes en couleurs supposées dire toute la magnifique et imprévisible diversité du monde et de l’humanité… d’où la multitude de loupés indés dans le genre. Mais cela ne rend ses réussites que plus admirables. Et Wild en est une. Mais avant de commencer, un über-warning de la plus…