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    How to Talk to Girls at Parties

    Avant-propos : le présent texte ne devient vraiment une critique du film qu’à mi-chemin, la première partie traitant des attentes qu’il avait suscitées chez l’auteur de ces lignes… puis de politique, parce qu’aucune loi européenne ne l’interdit (pour l’instant). Par ailleurs, aux cinéphiles timides espérant que HTGP leur donnera effectivement des tuyaux pour aborder les filles en soirée, calmez vos ardeurs car ce titre n’est peut-être justifié qu’à deux moments d’un film qui parle carrément d’autre chose. HTGP est le premier film de John Cameron Mitchell que j’ai vu. Son Hedwig and the Angry Inch date de 2001 et comprend une performance parait-il épatante de Michael Pitt, son Shortbus a enfiévré la croisette en 2006…

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    Climax

    Non. Juste non. Je n’ai rien contre Gaspar Noé. J’ai soigneusement évité son polémique Love tant ce dernier m’avait tous les airs d’une coquille vide, mais j’ai encore en mémoire les effets bœufs d’Irréversible et Seul contre tous, qui ont rendu culte ce formaliste hors-pair. Ainsi, sans être un fan inconditionnel, lorsque j’ai entendu un ami extatique me parler de cette « expérience cinématographique sidérante », la première pensée qui m’est venue à l’esprit est… « pourquoi pas ? ». À tort. Climax est une aberration. Pluridisciplinaire, polymorphique, peut-être même métapsychique, allez donc comprendre et identifier les rouages de l’univers. Une heure trente-cinq qui en parait, au bas mot, huit…

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    Café Society

    Café Society fait l’effet d’un café froid et un peu trop sucré. Il faut dire que depuis un certain temps, le cinéma de Woody Allen me laisse généralement… froid, justement. Cette lassitude s’assume entièrement, hein. En étant méchant comme Orangina Rouge, on pourrait dire que Café Society est ce qui arrive lorsqu’un cinéaste sur le déclin se croit encore capable de stimuler l’intellect, étriller les zygomatiques, et inspirer la mélancolie alors que son cinéma n’est a priori plus qu’un tristounet et théorique bavardage de salon… mais c’est hélas un peu vrai. La trop grande cadence de production du cinéaste a commencé à lui jouer des tours dès la fin des…

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    Wind River

    Attention, grand film, que bon nombre de cinéphiles mal renseignés n’ont pas manqué de prendre pour un énième thriller US. Faut pas. C’est vrai : Wind River n’a rien de terriblement original si l’on omet son cadre peu courant au cinéma, une réserve indienne (Frozen River, Cœur de Tonnerre… et rien d’autre ne me vient), et le sujet qui y est inévitablement associé, la condition désastreuse des « Native-Americans », réduits aujourd’hui à 0,8% de la société américaine. De prime abord, l’intrigue du film propose quelque chose d’assez classique : la mystérieuse mort en guise d’introduction, la fliquette bleue débarquant dans un univers dont elle ignore tout et les couacs…

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    Gringo

    La promo inexistante de Gringo et le temps qu’il lui a pris à arriver chez nous n’auguraient pas du meilleur : ce genre de tracas arrive davantage à des petits films indés luttant pour se faire remarquer qu’à des productions dotées d’un budget confortable et d’un casting cinq étoiles (Joel Edgerton, Charlize Theron, Thandie Newton, Amanda Seyfried, Sharlto Copley, David Oyelowo, mazette !)… et quand ça arrive à ces dernières, c’est généralement que les retours ont été SI mauvais que le studio n’a pas su quoi en faire. Bonne nouvelle au royaume du verre à moitié plein : avec le très sympatoche Gringo, on peut parler de malentendu. Il arrive à…

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    Sicario : La Guerre des cartels

    Quand on a appris, à peine un mois après la sortie de Sicario, que ce dernier allait avoir une suite, il a été difficile de prendre la chose au sérieux. Sicario 2 ? Toute proportion gardée, pourquoi pas Chinatown 2, pendant qu’on y est ? Zero Dark Thirty 2 ? Il y a des films qui appellent à des suites, et d’autres qui n’ont absolument RIEN d’un premier opus de franchise : pour faire simple, il y a Gremlins, et il y a Conversations secrètes, Retour vers le futur, et Black Swan (1). Et oublions la quantité de films qui n’appelaient PAS à une suite mais en ont eu une quand même, de Carrie aux Dents de la mer en passant par Donnie…

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    La Forme de l’eau

    Attention, [spoiler alert !]. Pour les braves prêts à souffrir le martyr, ça va être rapide. Le temps d’un court résumé, trois fois rien. La Forme de l’eau, c’est… l’histoire d’une femme muette comme une carpe qui, un jour, décide de coucher avec un poisson humanoïde beau comme un thon, non sans l’avoir libéré préalablement des mains d’un colonel d’armée blanc, raciste, sexiste, et psychotique, le patriarcat, quoi, avec l’aide d’un militant communiste, d’une Noire en surpoids, et d’un vieil homosexuel encore plein de rêves. Si ce résumé parfaitement fidèle au matériau original ne vous a pas fait rire jaune (le lire à voix haute peut aider), cessez immédiatement la lecture, votre…

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    Prospect, l’ambre de la lune verte

    Bien belle petite surprise que ce Prospect (oublions le reste du titre, air connu). Il n’a pas l’air de grand-chose, vu de loin. En fait, de loin, on ne le voit même pas. Difficile d’en parler comme d’un chef-d’œuvre à côté duquel vous seriez honteusement passé, avec son manque de moyens parfois criant, son intrigue assez sommaire, son « buddy movie » champêtre un peu convenu, et une absence de climax qui dérangera certains. Difficile, même dans le genre de la science-fiction. Si c’était un chef-d’œuvre dudit genre, on l’aurait sans doute « vu », justement (1). D’où le « PETITE surprise », qui n’est pas tant lié à son…

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    Ghost in the Shell

    0% « ghost », 100% « shell ». Quand on va voir un film qui ne s’est pas monté sur un scénario original, soit 99,9% des films hollywoodiens actuels, et qu’on connait le matériau original, qu’il soit un roman, une bande-dessinée, ou un précédent long-métrage, juger le nouveau venu indépendamment n’est pas chose aisée. Et lorsque le matériau original lui est supérieur, délégitimant ainsi l’entreprise dans son entièreté, c’est presque mission impossible. Bien qu’il puisse être considéré comme un très vague remake du film éponyme d’Oshii Mamoru sorti en 1995, le film de Rupert Sanders n’est pas QUE ça : avant lui, il y a eu vingt ans d’une franchise…

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    A Perfect Day (Un jour comme un autre)

    Très bonne surprise que cette comédie dramatique contant les pérégrinations d’un petit groupe d’humanitaires dans la Yougoslavie en guerre du milieu des années 90. Petite mise en contexte. De loin, A Perfect Day ressemblait à un film raté : metteur en scène inconnu au bataillon frôlant pourtant la cinquantaine (l’espagnol Fernando Leon de Aranoa), casting international ayant statistiquement de grandes chances d’être internationalement boursouflé, promo quasi-inexistante, sujet pas super-lisible et plutôt casse-gueule… pour toutes ces raisons, son visionnage a requis moult conditions : avoir déjà vu tous les films intéressants projetés dans le multiplexe du coin, être accompagné de gens ouverts et délicats, et, euh, avoir envie. À ma satisfaction rétrospective,…