Hérédité
Huit bonnes grosses étoiles, devenant neuf par goût pour les grands gestes. Il arrive que la presse s’emballe à l’unisson pour un mauvais film sous prétexte qu’il sort un peu de l’ordinaire, soumise à la fois à son désir de se démarquer du tout-venant et, comble de l’ironie, à un mimétisme de bourgeois hip. Ce n’est ici pas le cas : si Hérédité ne mérite peut-être pas d’être qualifié de nouvel Exorciste – ce qu’ont fait certains critiques –, il n’en demeure pas moins à la hauteur de quasiment tous ses éloges : c’est bel et bien un des meilleurs films d’épouvante qu’Hollywood nous a proposés depuis un sacré moment. Petit préambule sur A24…
Un jour de pluie à New York
Le quarante-huitième long-métrage de Woody Allen a mis un an et demi à sortir en France. La raison ? #metoo. Pas le petit Juif new-yorkais a été à son tour victime de la chasse aux sorcières maccarthyste qui s’est abattue sur les États-Unis fin 2017, soit au moment où a commencé le tournage d’Un jour de pluie à New York, et s’est empressé de repêcher une affaire vieille de vingt-cinq ans. Affaire dont le cinéaste était sorti totalement blanchi, mais qui attisait bien trop la soif de sang des harpies, que voulez-vous ? Débâcle du politiquement correct à l’occasion de laquelle certains acteurs se sont illustrés par leur faiblesse de caractère,…
Ma vie avec John F. Donovan
Il y a pire qu’un film narcissique : un film narcissique qui n’a rien d’intéressant à dire. Ma vie avec John F. Donovan, dont le titre français est complètement à côté de la plaque en ce que PERSONNE ne partage la vie du personnage-titre, et SURTOUT PAS le jeune protagoniste, est un film d’un narcissisme chimiquement pur, d’autant plus sidérant qu’il semble s’ignorer royalement, et qui, surtout, n’a rien à dire d’intéressant. Oui, nous parlons bien ici de narcissisme, la mégalomanie est autre chose. Qu’un grand metteur en scène soit mégalomane n’a rien de problématique. Par exemple, il faut l’être un peu, pour a) avoir envie de faire, b) imaginer qu’on…
The Square
Bien des cinéphiles réfractaires aux dérives poseuses du cinéma indé ont évité The Square malgré sa palme d’or – pour ce que ça vaut. L’auteur de ces lignes a bien failli en être, pas vraiment convaincu par la bande-annonce, qui ne donnait pas une image claire des motivations du film de Ruben Östlund, d’autant plus qu’il n’avait pas vu d’autre film du réalisateur. Grand bien lui a fait de tenter malgré tout l’expérience… bien motivé, il faut dire, par les échos de charge contre l’art contemporain, qu’il hait avec ardeur. « Un peu trop démonstratif par moments et un chouïa longuet » : voilà TOUT ce que l’on reprochera à The…
Game Night
Max (Jason Bateman) et Annie (Rachel McAdams), un couple d’hyperactifs archi-compétitifs, adorent organiser des soirées de jeux avec leurs amis. Une nuit, le très populaire grand-frère de Max, Brooks (Kyle Chandler), propose de pimenter leur soirée de jeux habituelle en organisant une fausse enquête criminelle, conduite par des comédiens, et à laquelle ils participeraient tous, promettant une inoubliable nuit de mystère et de suspense. Seulement, les choses prennent une tournure inattendue lorsque Brooks est kidnappé pour de vrai… et que tout le monde croit à la mise en scène promise. Max, Annie, et leurs amis se lancent alors dans une aventure un chouïa chaotique pour résoudre le mystère et délivrer…
Valérian et la Cité des mille planètes
Dans un très, très, TRÈS lointain futur, les agents spatio-temporels Valérian (Dane DeHaan) et Laureline (Cara Delevingne) doivent protéger Alpha, une gigantesque station spatiale où cohabitent dans la paix et le bien-être des milliers d’espèces de touuuut l’univers, partageant en symbiose leurs connaissances et cultures, riches de leurs différences. Lorsqu’Alpha est menacée par une mystérieuse force, Valérian et Laureline se lancent dans une mission périlleuse pour sauver la station et dévoiler une conspiration qui pourrait changer le destin de la galaxie À JAMAIS. Autant dire que c’est du lourd. Avertissement #1 : l’auteur de ces lignes n’ayant pas lu la bédé Valérian, il critiquera le film sans faire le moindre…
Les Veuves
Le pitch : Chicago, de nos jours. Quatre femmes qui ne se connaissent pas. Leurs maris viennent de mourir lors d’un braquage qui a mal tourné, les laissant avec une lourde dette à rembourser. Elles n’ont rien en commun, mais décident d’unir leurs forces pour terminer ce que leurs époux avaient commencé. Et prendre leur propre destin en main… tan-tan-taaaaaan. Avant-propos : début 2018 sortait en salle La Forme de l’eau, de Guillermo del Toro. L’auteur de ces lignes y est allé avec la candeur du popcorneur amateur de cinéma dit « de genre », persuadé qu’il allait assister au grand retour en forme du cinéaste mexicain après quelques ratés.…
Gaspard va au mariage
Parce que le cinéma français peut ENCORE épater. Osons l’écrire : Gaspard va au mariage est le meilleur film de ce début d’année 2018 derrière le justement sanctifié 3 Billboards. Oui-oui, DEVANT le « génie » sorkinien (Molly’s Game), DEVANT un Winston Churchill aux airs oscarisables de Gary Oldman (Les Heures sombres), DEVANT Hong Sang-soo « au sommet » pour la soixante-dixième fois de sa carrière (avec – prétendument – Seule sur la plage la nuit)… et BIEN DEVANT les soporifiques Pentagon Papers d’oncle Spielberg. L’a priori n’était pourtant pas forcément positif, ce pour deux raisons. La première raison, avoir pour réalisateur Antony Cordier, dont les deux précédents longs-métrages n’avaient pas exactement…
Wedding nightmare (Ready or Not)
Réjouissant OVNI que ce Ready or Not, ou Wedding Nightmare en français (non, ça ne s’arrange pas avec le temps), que l’on dirait presque surgi de nulle part. « Presque » car dans les semaines qui ont précédé sa sortie, le film a bénéficié d’un petit buzz sans lequel seule une poignée de pèlerins, tout au plus, se serait rendue en salle, et sans lequel l’auteur de ces lignes se serait attendu, tout au plus, à un amusant nanar d’horreur estival – réalisateurs inconnus, casting vide de stars, pitch grotesque. Un buzz… amplement mérité. Ready or Not est topissime. « Topissime », semi-néologisme ici bien pratique parce qu’il exprime un enthousiasme…
L’Ombre d’Emily
L’Ombre d’Emily est un plaisir. Certains, parmi ses défenseurs, le qualifient de plaisir coupable, mais cette expression a quelque chose d’absurde. D’où vient-elle, au juste ? De notre culture du péché originel ? Les amis, soit vous aimez Katy Perry, soit vous ne l’aimez pas, mais si vous l’aimez, assumez-le, ça vous soulagera d’un poids, et puis vous pourrez vous rattraper plus tard en affirmant avoir écouté vingt-huit fois le meilleur enregistrement de L’Or du Rhin de Wagner, en entier (celui orchestré par Georg Solti en 1966, soit dit en passant). Face à L’Ombre d’Emily, rare exemple de titre français supérieur à l’original (ici A Simple Favor), l’embarras n’est de…