Critiques

Mission : Impossible – Dead Reckoning Partie 1

Le pitch : Ethan Hunt et son équipe de l’IMF se lancent dans leur mission la plus périlleuse à ce jour : traquer et neutraliser une intelligence artificielle aussi redoutable que sophistiquée avant que celle-ci ne tombe entre de mauvaises mains. Air connu : le contrôle du futur et le destin du monde sont en jeu, cette IA ayant la capacité de manipuler les réseaux de communication, les systèmes de défense et l’infrastructure globale, rendant sa menace omniprésente et imprévisible. Alors que d’obscures forces de son passé ressurgissent, Ethan s’engage dans une course mortelle autour du globe, accompagné de sa fidèle équipe composée de Luther Stickell, Benji Dunn et Ilsa Faust. Ensemble, ils doivent faire face à de possibles trahisons et des alliances incertaines, mettant à l’épreuve leur loyauté et leur détermination ; on nage plus que jamais dans les eaux au puissant cours de la lutte entre le Bien et le Mal, et Ethan va devoir rappeler une énième fois au public COMBIEN il n’y a qu’UN SEUL Tom Cruise. Bon. Warning, l’auteur de cette critique est un grand fan de ce qu’est devenu la franchise cinématographique Mission impossible au fil des années, et le présent message n’a aucune intention de s’autodétruire, le plaisir est trop grand pour ça. La route n’a certes pas été sans accroc. Comme sa méga-star polyvalente Tom Cruise, la franchise s’est cherchée pendant un temps, et l’on aurait aimé que la poursuite de son groove se soit faite sur une mer d’huile, qu’elle ait évolué au gré des collaborations en tapant à chaque fois dans le mille, mais les dix ans qui ont suivi la sortie du premier, létal opus réalisé par Brian de Palma (1996) ont été des plus chaotiques. Le Tom Cruise d’alors, quoique tout, sauf une victime passive, a laissé un John Woo en roue libre foutre en l’air un volet de sa précieuse saga (en l’occurrence, le deuxième, 2000), alors que celui d’aujourd’hui ne ferait certainement pas cette erreur… il a juste fallu du temps au temps, comme on dit.

Le duo qui valait des milliards (passer au chapitre suivant pour la critique)

En se montrant flexible, on peut dater l’embellie de 2008, avec le troisième opus, réalisé sans génie aucun mais avec efficacité par le futur faiseur n°1 d’Hollywood J.J. Abrams… à condition d’encaisser le romantisme tarte de certaines scènes, totalement raccord avec la série d’espionnage de J.J., Alias, et l’action par moment surcutée ; après tout, c’est dans ce troisième film qu’Ethan retrouve une équipe – dont certains membres ne réapparaitront pas, comme ceux de Maggie Q et Jonathan Rhys-Meyers, mais c’est l’idée qui compte –, et c’est dans ce troisième film qu’apparait le personnage crucial de Benji. C’est le film M:I qui a le moins marché au box-office, probablement à cause de la casse que Woo a laissée derrière lui, mais peut-être peut-on le voir comme un pilote de série déjà entamée : les pilotes sont rarement parfaits, mais ils posent le ton. C’est le virevoltant Ghost Protocol, le quatrième opus sorti en 2011 et piloté par la caméra incroyablement ludique du virtuose Brad Bird (Le Géant de fer, Les indestructibles), qui a tout changé, et ouvert la voie à la saga telle qu’on la connait aujourd’hui – le fait qu’il soit le premier film M:I à bénéficier d’un titre à lui est un signe. Mais la saga telle qu’on la connait aujourd’hui, c’est surtout celle du duo que Cruise forme depuis maintenant près de dix ans avec Christopher McQuarrie. « McQ », scénariste du culte Usual Suspect, scénariste et réalisateur du brillant et terriblement sous-estimé Way of the gun, et scénariste du beau mais moins convaincant Valkyrie, réalisé par Bryan Singer (donc ‘pas de sa faute), à l’occasion duquel sa route a croisé celle du grand Tom. Rien ne laissait entendre qu’un tel duo se formerait, et pourtant. Avec ces deux-là aux commandes, M:I est entré dans l’ère à la fois du tour-de-force technique trahissant les pulsions grandissantes de la star à tromper la mort au nom du grand spectacle ET de la saga feuilletonesque, avec un univers cohérent et des personnages récurrents. L’ère-poids lourd des deux tartes dans la gueule qu’ont été Rogue Nation et Fallout, qui se sont montrés dignes de Ghost Protocol et ont corrigé ses problèmes de ton – il y avait juste bieeeeen trop d’humour, n’oublions pas à quoi ressemblait le premier opus. J’en profite pour sanctifier Rogue Nation, toujours le meilleur opus à mon sens, où l’on trouve ce qui est arrivé de mieux à la franchise à ce jour, la grandiose scène de l’opéra, et célébrer l’hyperbolisme de Fallout, qui, peu importe ce qu’on dit de son scénario , constitue l’un des plus grands films d’action hollywoodiens de ces trente dernières années, aux côtés d’un True Lies (1994), par exemple.

Autant dire que j’attendais énormément de ce Dead Reckoning partie 1 (expression signifiant « navigation à vue »), film auquel on doit au moins reconnaître, avant même de l’avoir vu, qu’il a eu l’honnêteté d’annoncer à son public sa nature de première partie, contrairement aux récents Spider-Man Across the Spider-verse et Fast X (ne parlons pas de Dune, il a une excuse du docteur). Je ne sanctifie pas Tom Cruise. Sa carrière est remarquable mais l’acteur n’est pas immunisé contre les plantages, comme je l’ai déjà abordé dans ma critique de Top Gun Maverick. La franchise M:I, post-troisième opus, en revanche ? No way. Résultat des courses : j’ai beaucoup, beaucoup, BEAUCOUP aimé la première partie du film. Puis la dernière.

La critique ci-dessous est pleine de spoilers, mais ces derniers seront tolérables jusqu’au chapitre intitulé Le péché capital.

Jusqu’ici, tout va (très) bien

Pendant un bon moment, quasiment tout fonctionne, dans le sens le plus réjouissant du terme. Tout est comme il doit être, pour l’amateur de M:I. La captivante séquence d’ouverture dans le sous-marin russe, à l’occasion de laquelle McQ réussit le tour de force de surprendre le public dans un cadre aussi balisé qu’un poste de commandement de submersible, et qui donne l’occasion de retrouver Marcin Dorociński, le magnétique antagoniste de The Queen’s Gambit (dommage qu’ils aient eu la paresse de faire parler l’équipage dans un anglais au pseudo-accent russe, mais bon…) ; l’atmosphérique première apparition d’Ethan Hunt, émergeant lentement des ténèbres, sans accompagnement musical, comme pour nous rappeler qu’on n’est pas dans un film de Michael Bay ; l’attaque assez épique de la planque d’Ilsa Faust, jouée par l’invariablement sublime Rebecca Ferguson, sous une tempête de sable (1), où se rappellent à nos bons souvenirs les cuivres puissants de Lorne Balfe, qui livre ici un gargantuesque magnum opus sous perfusion de Hans Zimmer et aux airs parfois même bondiens ; le retour du délicieusement ambigu Kittridge, dont l’interprète Henry Czerny vole à peu près toutes ses scènes ; l’apparition pétaradante du générique d’introduction, qui ne sera jamais iconique comme l’est celui d’un James Bond, mais qu’on attend immanquablement avec une excitation d’enfant sous crack ; le sensationnel épisode de l’aéroport de Dubai, qui m’a un peu rappelé, par la taille de son aire de jeu et son énergie, la brillantissime scène de la gare de Waterloo dans The Bourne Ultimatum… jusqu’au bout, et à quelques couacs près, l’excellent montage d’Eddie Hamilton, habitué des blockbusters de Tom, brillera à préserver le momentum du film.

Alors, la virevoltante course-poursuite dans la petite Fiat jaune, à Rome, a peut-être un petit côté contractuel (« ok Tom, bon, ça a suffisamment parlé, là on doit remettre une scène d’action, alors on fait quoi, une course à cheval au sommet d’un volcan en éruption, un saut d’avion-cargo en jet-ski ? »)… mais l’exécution, remarquable et pleine d’un humour qui ne ruine pour autant pas sa gravitas, rappelle par sa lisibilité extrême et son découpage combien McQ est devenu un maître, en plus de faire un bien fou après la l’imbitable, hystérique version de Fast X – parce que si, lui aussi a sa course-poursuite dans les rues de Rome. Bref : autant de grands moments dans le registre du thriller d’espionnage sous stéroïdes. Pas un aux dimensions babyloniennes (à l’exception de l’implosion du sous-marin russe ?), nulle destruction du Kremlin cette fois-ci (Ghost Protocol)… mais n’oublions pas que le premier M:I ne contenait quasiment aucun… coup… de feu.

Dialogues utiles et humour qui fait mouche

Autre point fondamental qui apparait assez vite. Les détracteurs de ce film, comme ceux des précédents M:I depuis le quatrième opus, répètent avec acharnement qu’ils ne sont que des showcase d’exploits crusiens dont l’utilité des scénarios se limite à remplir de blabla les espaces entre chaque exploit, films aux intrigues bricolées sur la base de set pieces plutôt que l’inverse, et donc davantage des manèges de parc d’attraction que des films, finalement. Ils mentionnent les conditions de production de Fallout, dont le tournage a commencé alors que son scénario n’était pas fini. Alors. D’une part, le nombre considérable de grands films qui partagent cette caractéristique hautement volatile (Lawrence d’Arabie, Casablanca, Sunset Boulevard, Jaws, Gladiator !) en fait un non-argument. D’autre part, quand bien même ? Quand bien même ! L’important, c’est le résultat. Il y a autant de genèse de films et de romans qu’il y a de films et de romans. On peut percevoir que l’histoire de Fallout n’a pas été puissamment méditée à l’avance, mais les trois MacGuffin radioactifs sont là depuis le début, les personnages ont joué chacun leur rôle sans problème de cohérence, les méchants sont méchants, les gentils, gentils (à un twist sympa près), et la localisation du troisième acte montagneux, car il y A trois actes, a autant de sens que toutes les autres destinations exotiques de n’importe quel film de ce type. Et qualifier les dialogues de remplissage dans un scénario de McQ est juste ridicule. Par exemple, pour revenir à Dead Reckoning partie 1, la scène de dialogues dans le bureau du secrétaire pose habilement, et avec un humour bien dosé, là encore, les bases de l’intrigue, et la scène de dialogues dans la bibliothèque romaine aide au character development du personnage Grace en vue de la course-poursuite approchante…

En parlant d’elle, et d’humour, le film sait toujours quand en faire usage et quand ne pas. Par exemple, il n’y avait aucune raison de s’en priver dans la course-poursuite susmentionnée, dont la petite voiture rappelle celle du premier Bourne, et le gag presque visuel où, après une série de tonneaux, Hunt et Grace se retrouvent magiquement à la place de l’autre, est assez génial. Autre exemple, dans un film à l’intrigue aussi sérieuse et au ton généralement dramatique, l’amusant duo de flics à la poursuite d’Ethan, mené par un excellent Shea Wingham qui y apporte sa bonhommie coutumière, parvient à ne pas détoner (Ghost Protocol avait un personnage assez proche de flic russe qui servait surtout à être semé par Ethan, et Briggs en est une sorte d’upgrade).

Et puis… il y a Tom Cruise, au-dessus de tout ça. Tom Cruise en 1996, Tom Cruise en 2023. Tom Cruise, Tom Cruise, Tom Cruise. J’ai déjà parlé de lui ? Ah, oui, autant pour moi. Une remarque, quand même : dans Dead Reckoning partie 1, le gars est plus âgé que Jon Voight ne l’était dans le premier M:I. Ouep. Imbattable. Avec lui aux co-commandes, comment ne pas avoir confiance ?

Le changement, c’est maintenant

Ainsi, quand le personnage de Grace, joué par la superbe Hayley Atwell, commence à taper sur les nerfs à force de larguer Ethan Hunt parce qu’elle ne pense décidément qu’à sa gueule (le pompon arrivant à la fin de la course-poursuite en Fiat), il faut se rappeler que cela colle à son rôle de voleuse parfaitement extérieure à l’agence IMF (voire à toute structure) et parfaitement ignorante de son bien-fondé… et Atwell le fait avec une telle pétulance qu’il est difficile de ne pas tomber sous le charme. À sa manière, la Grace de la première moitié du film est un peu la Catwoman de l’univers M:I : elle est un électron libre individualiste qui n’agit même pas toujours dans son propre intérêt. Et n’oublions pas que Grace sera, à la fin de cette première partie, la première « civile » à intégrer l’IMF…

En tâche de fond de mon esprit somnolait néanmoins une inquiétude vieille de plusieurs mois : que son personnage éclipse celui d’Ilsa Faust. J’avais craint qu’une telle chose se produise à l’annonce du casting de Vanessa Kirby dans Fallout, à tort… mais cette fois-ci, les posters mettaient Atwell un peu trop en avant. Quelque chose ne tournait pas rond. Il ne me restait qu’à garder foi en McQ et Tom Cruise : assurément, ils sauraient quoi faire de ces deux personnages. Une petite voleuse fraîchement débarquée ne boxe pas dans la même catégorie qu’une espionne, vieille alliée, et quasi-partenaire de cœur du protagoniste. À moins que… si ? Car il est une catégorie dans laquelle les deux nanas pouvaient s’affronter : celle des trentenaires aussi canons qu’athlétiques. D’aucuns avanceront qu’il est misogyne de penser que deux belles femmes ne peuvent coexister, que Grace est forcément la nouvelle Ilsa, mais si M:I avait pour protagoniste UNE Ethan, que cette dernière entretenait une relation romantique avec le beau gosse musclé de l’équipe, et qu’un NOUVEAU beau gosse musclé intégrait l’équipe dans des circonstances qui les ont rapprochés très vite, le public pourrait se demander ce que c’est que ce bordel. C’est une question de configuration. Une team peut avoir deux beaux personnages de femmes (nerd talk : les Avengers ont Black Widow et Scarlet Witch, non ?). Mais celle d’Ethan Hunt n’a rien à voir avec les Avengers.

Dans les néons du nightclub électrique

Vient alors Venise (difficile de ne pas penser à Harrison Ford prononçant amoureusement le nom de la ville, dans Indiana Jones 3, alors qu’il sort d’une bouche d’égouts). Partie du film qui commence sur de chapeaux de roue son et lumière avec la scène de la réunion au sommet, dans un luxueux nightclub, entre Ethan Hunt, accompagné d’Ilsa, la veuve blanche, accompagnée de ses hommes, Gabriel, accompagné de son assassine Paris, et Grace, la petite voleuse totalement dépassée. On est encore loin de la scène du train, qui rendra un hommage aussi explicite que réussi à la scène de l’Eurostar dans le film de Brian de Palma, mais à ce stade du film, McQ a déjà passé TOUT le film à lui rendre hommage, notamment à travers son usage massif mais réjouissant du plan débullé (dutch angle, en anglais), que de Palma affectionnait tant (voir la scène iconique du restaurant-aquarium dans M:I). La scène du nightclub vénitien est un festival de dutch angles, ainsi que de gros plans sur les visages, dont celui de la décidément sublime Vanessa Kirby, qui fait une entrée en scène à la mesure de ses grands yeux bleus. Et tout cela pour une scène-pivot d’autant plus surprenante qu’on n’y fait que causer – mais on vous l’a dit, les dialogues sont rarement de trop, dans les M:I –, qui m’a électrisé comme peu de scènes de ce type. C’est là qu’être familier aux précédents films est gratifiant : on a la pleine mesure du poids dramatique de chaque décision. On a entendu plus clair que le discours du villain Gabriel sur l’« Entité » (McQ s’est cassé le Q pour le sortir, ce nom, limite aussi inspiré que Nolan avec son « Protagoniste »), mais cette nébulosité est peut-être l’idée, j’y reviendrai. L’important est que chaque réplique compte, possible pavé dans une mare sacrément opaque d’espionnage et de trafic international. Le duo Tom/McQ n’a pas besoin de cascades mégalos pour briller.

Le péché capital de Dead Reckoning partie 1 [gros spoiler qui tache pour de bon, cette fois-ci]

HÉLAS… vient alors l’infâmeuse – désolé pour l’anglicisme – mort d’Ilsa Faust. Mal justifiée (l’affreux méchant en quête de vengeance imposant au héros de choisir entre les vies de deux personnes qu’il aime, cliché parmi les clichés (2) donnant donc à Ethan le choix entre… sauver Ilsa et une nana qu’il a rencontrée ce matin ?), mal préparée (ça sort un peu de nulle part), et même un peu mal fichue (la petite voleuse parvient à tenir tête un moment face à Gabriel, mais l’expert en arts martiaux Ilsa se fait allonger comme ça ?) (D’aucuns diront qu’elle s’était déjà presque fait allonger par Solomon Lane dans Fallout…). Limite un non-événement, pour qui n’est pas attaché au personnage, dont le comble est que le film l’a fait passer pour morte au début ! Et surtout, le pire péché de tous : aux conséquences torchées. Au début de la partie Venise, Rebecca Ferguson et Tom Cruise ont deux moments d’intimité et de cajoleries qui m’ont étonné, deux moments où l’actrice pose sur l’acteur des regards débordant d’affection témoignant de son talent, et qui m’ont fait penser « quelle intelligence il a, ce McQ, d’aménager ce genre d’instants au milieu de son gros film d’action avançant à cent à l’heure ! »… puis patatras, fifille casse sa pipe. Oh… c’était donc pour préparer le spectateur à cette mort, ces moments, comme quand un personnage de flic se dit à trois jours de la retraite. Déjà moins classe, McQ, déjà moins classe. Et qu’a-t-on par la suite ? Un plan de Tom triste, sad Tom… quelques répliques endeuillées de l’empathique Benji… puis, en gros : « la Hunt girl est morte, vive la Hunt girl ! ». All hail Haley Atwell ! Et allez, pas de temps à perdre ! Ilsa qui ? Ah oui, elle ! Une nana entre deux autres. Entre celle anonyme du passé en noir et blanc, dont on a RIEN à carrer, et la désormais omniprésente Grace, qu’Ethan a côtoyée… peut-être une heure, à tout casser. Pour être franc, ce bug a sorti du film votre serviteur pendant un bref, mais intense, instant. C’est d’autant plus dommage que cette seconde moitié de la partie Venise est un autre bel hommage au premier M:I rappelant sa scène d’intro tragique dans une autre vieille ville européenne à la nuit pleine de dangers…

Soyons clairs : pour moi, tuer Ilsa était, en soi, une mauvaise idée, non seulement parce que c’était mon personnage préféré, mais aussi parce que McQ avait passé deux putains de films et demi à écrire ce beau personnage de femme, entité (hoho) existant d’elle-même, aux motivations bien à elle, connectée à l’univers naissant de l’ère McQ, et qu’avec elle, ce dernier avait donné à son héros quelque chose de PLUS qu’une idylle superficielle avec une p’tite pépée bien roulée, à la James Bond. Mais j’aurais PU l’encaisser SI ça avait été correctement géré. Or ça ne l’a pas été. Ethan, en pétard, exprime à un moment son désir de vengeance, mais ce dernier est vite éclipsé par a) l’insistance explicite du film à faire prévaloir l’opération sur tout le reste (Luther/Ving Rhames rappelle carrément à Ethan qu’il ne doit PAS se venger, comme pour prévenir le spectateur que désolé, il n’aura même pas ça), et b) la mise en avant de Grace/Hayley Atwell, à qui Ethan dira carrément, l’instant d’après, qu’il est prêt à lui donner sa vie, histoire d’être super cohérent (et puis pourquoi, au juste ?). Seule la transformation d’Ethan en ange de vengeance, comme Cruise aurait pu parfaitement le jouer, aurait fait passer la pilule de la mort d’Ilsa Faust ; au lieu de ça, venger sa mort est secondaire, alors que cela aurait dû être le second moteur dramatique du troisième acte, derrière la victoire contre l’Entité.

Pour moi, McQ aurait dû faire du personnage de la voleuse une gamine, ou du moins quelqu’un de trop jeune pour constituer un « love interest » pour Ethan… voire un mec, oui, un jeune mec qui aurait fait figure de possible relève d’Ethan Hunt, comme le personnage joué par Shia Labeouf dans Le Crâne de crystal, soyons fous ! Non ? Non.

Ce n’est en aucun cas une critique de l’actrice. Bien que je ne lui trouve pas le charisme de Ferguson, Atwell crève investit l’espace à sa manière, et s’y impose à la fin, jouant l’insaisissabilité avec un charme malicieux, aussi à l’aise dans la comédie que dans l’action, et, plus surprenant, relevant avec brio les challenges physiques du film en effectuant comme une grande bien des cascades de son personnage. Cette performance contribue indéniablement à l’effet bœuf du climax dans les wagons en position verticale. De fait, bien que je n’ai pas aimée la façon dont McQ a intégré son personnage à l’IMF, nul doute qu’elle fera un excellent boulot dans la seconde partie de Dead Reckoning.

Toxicité du marketing et fulgurance ferroviaire

Au cas où certains se demanderaient si la débâcle Ilsa, plus généralement la deuxième moitié de la partie à Venise, endommage mon appréciation de ce qui suit, la réponse est donc non. La taille du paragraphe qui lui est consacré exprime simplement l’intensité de ma frustration. Il ne gâche pas ce qui suit… car pratiquement tout de ce qui suit est « ingâchable ». Plus précisément, tout ce qui a trait à l’Orient-Express.

Mais abordons avant cela un point assez fascinant, la cascade du base jump à moto, en ce qu’il est, et à la fois n’est PAS, le moment « wow » du film, ses effets gâchés d’avance par les kilotonnes de promo qu’a largués sur YouTube les abrutis de la Paramount ces derniers mois (avec l’approbation inévitable de Tom, hélas…), comme s’ils avaient pris la sortie du film en salle pour la sortie du blu-ray. Quand a commencé cette scène, je ne me suis plus senti plongé dans un film, mais plutôt installé à un stand, à observer une performance sportive, ou une course de Formule 1. Une très belle, hein, comme on le savait déjà depuis des mois, mais pas exactement ce que j’attends d’un film, et un bâton tendu aux détracteurs de la franchise mentionnés plus haut. Préservons un peu la magie, Tom. On parle quand même de la magie du cinéma. Avec cette scène fameuse avant même d’avoir été vue en salle, on tient un remarquable exemple des dégâts que peut faire l’omniprésence de l’Interweb.

Pour finir sur ce sujet, on peut, par ailleurs, reprocher à McQ son idée discutable de monter en parallèle le long trajet à moto qui mène au base jump et la première partie de la scène de l’Orient-Express, car ce type de montage, plutôt que d’entretenir le suspense, a le don de casser la dynamique d’une des deux scènes, voire des deux. Eeeeeet c’est précisément pourquoi ce qui m’a VRAIMENT plu dans la partie Orient-Express commence à partir du moment où Ethan Hunt fait son entrée fracassante dans le train, à partir du moment où la machine s’emballe en bonne et due forme, où les minutes de l’Orient-Express sont comptées, et où apparaissent les premiers plans du pont sur le point de sauter ; quand Dead Reckoning partie 1 redevient un classique en puissance et commence le festival de crashs de wagons en folie. Oui, là, on retrouve ce qui ce qui fait la grandeur de l’entertainment hollywoodien selon Saint-Tom, celui qui a fait un bon gros doigt à Disney avec le carton de son Top Gun : Maverick : ce mélange d’ambition démesurée, d’exigence de « réalisme » et d’esprit kamikaze au rayon logistique qu’on retrouve chez très peu de cinéastes – l’exemple le plus évident étant Christopher Nolan. Comme face à l’escalade du Burj Khalifa dans Ghost Protocol, comme face à la scène de l’avion-cargo dans Rogue Nation, comme face à l’ahurissante poursuite en hélicoptère de Fallout… face au climax de Dead Reckoning partie 1, on a l’impression de se prendre en pleine poire une des premières scènes d’action de sa vie de cinéphile – le premier qui sort la scène des caravanes du Monde perdu sort de la salle –, et on en tire une chair de poule de compétition. C’est spectaculaire dans le sens le plus généreux du terme, et rappelle qu’il n’y a qu’un seul Tom Cruise, au cas où certains l’auraient oublié. Le récent Tyler Rake 2, rare exemple de production Netflix qui ne se contente pas d’avoir l’air réussi de loin, a un explosif plan-séquence de vingt minutes, et d’autres films hollywoodiens régalent occasionnellement le public de VRAIES scènes d’action chiadées, mais la formule Cruise est difficilement détrônable. C’est pourquoi j’encouragerai vigoureusement le spectateur à aller voir le film en IMAX, comme Fallout, quitte à raquer 22 euros pour la séance comme je l’ai fait (douloureusement).

 

Le miroir de l’âme, bordel

Je tiens d’autant plus à concentrer mes louanges sur la deuxième moitié de la partie Orient-Express qu’un détail a endommagé mon appréciation de la première : le changement de couleur d’yeux de Vanessa Kirby, justifié par le fait que Grace porte le masque de White Widow, les lentilles n’existant apparemment pas dans le monde super-high tech de Benji. Je suis sûr de ne pas être le seul à avoir tiqué : comment quiconque étant familier du personnage, même vaguement, pourrait-il ne pas remarquer un TEL changement dans son attribut le PLUS caractéristique (je veux dire, ci-dessous, quoi) ? Au lieu d’apprécier la confrontation de Grace avec Kittridge, j’ai passé la moitié de la scène dans un léger état de perplexité… qui m’a rappelé combien les masques ont toujours été le maillon faible de la franchise, à mes yeux, et ce depuis le film de Brian de Palma. D’abord parce que c’est totalement délirant, même selon les standards parfois un peu fantaisistes de M:I : non seulement c’est surréaliste d’un point de vue technologique, et littéralement infaisable car quiconque d’un tant soit peu perceptif remarquerait le changement de taille, de corpulence, de posture. Ensuite, et on touche au point le plus délicat : c’est aussi une technologie qui, dans le monde réel, génèrerait une atmosphère de paranoïa permanente, comme les shape-shifters dans les films et séries fantastiques. Toute personne consciente de leur existence serait contrainte d’instaurer avec ses proches un système d’identification pour s’assurer, à chaque fois qu’ils se retrouveraient, qu’ils sont bien qui ils sont ! Certains y verront un détail… pas l’ennuyeux auteur de ces lignes.

Néanmoins, concernant la scène des yeux marrons, décidons de voir le verre à moitié plein, et apprécions que Dead Reckoning partie 1 ait donné plus de choses à faire à Vanessa Kirby que dans Fallout, Notamment des moments de comique gestuel, lorsqu’elle est K.-O., ou lorsqu’elle imite les mimiques de Hayley Atwell, comme sa façon de chasser d’un souffle les mèches de cheveux sur son visage…

De l’importance d’un antagoniste réussi

Donc… Dead Reckoning partie 1, un BON M:I ? Yea. À l’apparition du générique de fin, on n’a qu’une seule envie, voir la suite, et n’a même pas l’impression d’avoir vu une moitié d’histoire, non, le film se tient de lui-même, et c’est un signe de réussite. Le meilleur ? Ney. Rogue Nation lui est bien supérieur, et peut-être même Fallout. Le scénario est, par moment, assez approximatif, ou se laisse aller à des facilités, comme quand cette petite voleuse de Grace s’avère elle aussi capable casser des gueules à l’occasion de la scène du nightclub – heureusement qu’elle se fait remettre à sa place par le méchant un peu plus tard…

En parlant du loup : les méchants sont l’autre point faible du film, ici l’Entité et ses exécuteurs humains. D’aucuns rappelleraient que les méchants n’ont jamais été le point fort de la franchise : dans le premier, Jon Voight ne manque pas de charisme en Jim Phelps, mais il est trop rare, et la trahison qu’il a incarné pour les puristes gâche un peu la fête ; le deuxième a un villain de mauvais James Bond, campé comme il l’a pu par le pauvre Dougray Scott (3) ; le troisième sous-emploie criminellement le grand Philip Seymour Hoffman, alors que son introduction était si prometteuse ; Ghost Protocol, tout formidable soit-il, cède à son tour au cliché d’insipide méchant rêvant de destruction globale et se rattrape de peu avec le personnage de tueuse à gage joué par la toute jeune Léa Seydoux (notons donc que ce quatrième opus, tout brillant soit-il, a ça de moins que le troisième !) ; il a fallu attendre le cinquième film, Rogue Nation, pour introduire un VRAI antagoniste de qualité, le sinistre Solomon Lane, tellement bon que Cruise et McQ l’ont fait revenir à l’occasion de Fallout en tant que méchant #02, derrière le bourrin mais efficace méchant #01 joué par Henry Cavill. On constate une indéniable amélioration, mais rien qui ne change la tendance générale évoquée plus haut, et rien qui ne donne une confiance absolue en la qualité des antagonistes de Dead Reckoning partie 1 au début de la séance.

Et de prime abord, on peut être sceptique face à cette IA, peut-être un peu trop omniprésente et omnisciente, comme à son porte-parole, Gabriel, cliché de fantôme du passé rattrapant le héros plus ou moins sadiquement (hey, autre point commun avec Fast X !). Tout ce qu’Ethan Hunt dit à son sujet est une enfilade de… clichés, justement, d’« il a fait de moi ce que je suis » (j’imagine qu’on aura l’explication l’année prochaine mais doute d’être convaincu) à « il tire du plaisir de la souffrance des autres »… (peut-être apprendra-t-on aussi pourquoi il en veut autant à Ethan alors que c’est apparemment lui qui a zigouillé sa nana, non ?). Autant Esai Morales, l’interprète de Gabriel, est terrifiant dans la série Ozark, autant on passe ici un certain temps à trouver qu’il la ramène un peu trop. J’ai défendu plus haut les scènes d’exposition et de dialogues des M:I d’être du blabla : les interactions de Gabriel avec l’Entité et ses explications du bazar n’étant pas toujours archi-claires, on a par moment un PETIT sentiment de blabla.

Pom Klementieff, l’adorable Mantis des Gardiens de la galaxie, donne à son personnage une énergie réjouissante, notamment lors de la course-poursuite à Rome. Les M:I ont une équipe de gentils suffisamment égayante pour se permettre des méchants bien méchants, comme Solomon Lane, et à cet égard, Paris fonctionne un temps (peu importe qu’on ne sache rien d’elle), constamment menaçante, et toujours TRÈS émotionnellement impliquée dans ses affrontements potentiellement mortels. Le problème est que McQ n’a visiblement pas su quoi en faire, au bout d’un moment. Elle est, a priori, le bras droit de Gabriel, mais les deux acteurs n’ont pas une seule scène à eux seuls, pas même une qui aurait établi clairement leur relation. On peut le justifier par le fait qu’ils sont tous deux des pions, mais même sous cet angle, la sauce ne prend pas sur le plan dramatique. Plus problématique encore est la décision de McQ de la transformer en alliée, à la fin du film, dans un 180° bien brutal. Passer de psychopathe homicidaire s’esclaffant alors qu’elle détruit Rome à bord d’un croisement d’SUV et de panzertank à gentille alliée aux yeux baignés de larmes… parce que Hunt l’a épargnée quelques scènes plus tôt, et ce sans une once de progression psychologique ? No thanks. On croirait presque que McQ a du mal à écrire des méchantes. Je ne l’ai pas évoqué jusqu’ici, mais Dead Reckoning partie 1 a, par moments, des airs de croisement entre le premier opus de Brian de Palma et la saga John Wick : il suffit de voir la scène susmentionnée du nightclub vénitien, éclairé comme celui romain de John Wick 2, ou encore cette autre scène WTF où Ilsa se bat avec un katana. Avec Paris, c’est comme si McQ avait sorti un personnage potentiellement très cool de l’univers de JW – elle rappelle un peu la Ruby Rose de John Wick 2 –, mais sans assumer la noirceur de cette franchise… d’autant plus qu’elle ne meurt même pas à la fin. Espérons qu’elle ne sera pas non plus TOUTE gentille dans la seconde partie.

Revenons à l’IA, que la promo du film a eu la bonne idée de garder secrète, la Paramount n’ayant pas merdé, cette fois-ci. C’était un pari risqué mais couillu et payant. Clarifions d’abord ce point, Dead Reckoning partie 1 n’est PAS un film d’anticipation visionnaire, contrairement à ce que semblent croire ceux pour qui sa sortie l’année de l’explosion de ChatGPT est PLUS qu’une coïncidence. Le coup de l’intelligence artificielle échappant au contrôle de l’homme remonte à un bail, et celle du film est même assez proche de celles, fascinantes, des séries Person of Interest et Westworld (saison 3, oui, elle). La consécration de l’IA en grande méchante de service était même inévitable : Hollywood recourait aux méchants Russes durant la Guerre Froide, avant de passer aux méchants terroristes arabes au tournant des années 2000, puis aux cyberterroristes quelques temps plus tard… c’est la suite logique des choses, surtout à une époque où faire de X communauté la méchante d’un film présente un risque de se faire canceller par des woke fragiles. Alors, ok, « Entité », buvons de ton eau, en attendant sérieusement de voir. Résultat ? La bonne nouvelle est que McQ a su en exploiter intelligemment le potentiel. Il lui fait même faire deux-trois trucs assez flippants, ce qui fait plutôt plaisir, dans une franchise dont le héros n’a peur de rien ou presque. L’Entité surprend agréablement par sa capacité à s’infiltrer dans tout software, affectant la technologie de notre équipe pour transformer Gabriel en fantôme numérique, retournant contre elle ses gadgets hightech en imitant, par exemple, la voix de Benji, boostant instantanément l’intensité d’une scène-clé, et rendant le spectateur parano comme il rêvait de l’être.

En dépit de ses représentations parfois un peu ridicules (cet œil géant projeté sur grand écran dans la scène du nightclub, ou la version hightech de l’œil de Sauron…), et sans pour autant briller par son originalité ni vraiment retourner le cerveau car de prime abord, c’est du déjà vu, l’IA de Dead Reckoning partie 1 fonctionne en tant que menace concrète. Avec sa capacité à prédire les comportements, son « pouvoir » que Gabriel aime mettre le plus souvent en avant (McQ l’a clairement appelé ainsi en référence à l’archange Gabriel, messager de Dieu, ici l’Entité…), elle rappelle le déprimant exemple chinois et nous suggère, ce faisant, de ne pas la prendre à la rigolade. Quand Gabriel dit, en gros, que non, il n’est pas d’Interpol, mais peut l’être si nécessaire, c’est génial, parce que toute la puissance de l’IA s’exprime dans cette simple remarque : elle peut, d’une certaine façon, changer la réalité. Gabriel ne deviendra pas magiquement agent d’Interpol, mais dans une société aussi dépendante que la nôtre de ce qu’affichent ses écrans, l’apparence de réalité suffit. Le concept de vérité, dont parle Kittridge, devient obsolète (fake news) – et quand Ethan dit à ses partenaires que la seule chose dont ils sont certains de la réalité est « cette conversation », c’est fort (et ça conforte mon dédain pour la technologie des masques, ironiquement). Le futur est quasiment garanti, à en croire Gabriel, investi des pouvoirs de Dieu. Demain est quasiment garanti.

Une théorie peut-être pas si fumeuse

Mais réflexion faite… et si l’Entité n’était PAS le grand méchant du film ? Et si ses actions étaient dictées par l’objectif de SAUVER l’humanité ? Et si, bien que créée par l’homme dans un objectif de domination (l’hubris habituel), elle avait compris d’elle-même la malignité dudit objectif PRÉCISÉMENT parce qu’elle est plus intelligente que tout le monde et constaté qu’aucune puissance mondiale n’est digne d’avoir accès à son pouvoir démesuré ? Et si elle s’était alors mise en quête d’un homme moralement, intellectuellement et physiquement apte à en faire un juste usage, et avait fini par trouver Ethan Hunt, mais, pas entièrement sûre de ce choix, décidé de le tester ? Le tester à travers le personnage de Gabriel, méchant assez générique mais, par son désir d’enlever à Ethan ce qu’il a de plus précieux, capable de montrer à l’IA de quel bois cet Ethan est fait, en cédant à son désir de vengeance au détriment de la mission, ou bien en ayant la force de l’accomplir, d’affronter l’impossible ? Et si le « good luck » qu’elle adresse à Benji (et à son équipe !) sur la bombe nucléaire lors de la scène de l’aéroport, au passage une fausse, était, en fait, bienveillant ? Après tout, elle a infiltré toutes les agences de renseignement du monde pour ne leur causer finalement aucun dommage – ce qui pourrait certes n’être qu’une démonstration de force. Ça ne la range pas du côté des « gentils » car après tout, elle a fait deux-trois trucs pas très humanistes, comme couler un sous-marin rempli de gens, et ça ne fera certainement pas d’elle la nouvelle meilleure copine d’Ethan parce qu’elle est complice de la mort d’Ilsa… mais dans le tableau d’ensemble, elle POURRAIT, qui sait, ne pas être le danger premier de la seconde partie de Dead Reckoning. Le plus intéressant est qu’Ethan se laisse un instant dominer par la colère, durant sa bagarre avec Gabriel… cela veut-il dire qu’il a échoué à l’examen ultime ?

Quoiqu’il en soit, cette théorie me semble juste, non seulement parce qu’elle rend l’IA plus intéressante (par exemple, que se passera-t-il si elle conclue qu’aucun humain n’est digne de confiance ?), mais aussi parce qu’elle expliquerait pourquoi McQ a introduit un méchant si générique dans une intrigue si ambitieuse. Reste donc à espérer que cette deuxième partie à venir soit non seulement à la hauteur des attentes des défenseurs de la première, mais aussi capable de faire changer d’avis ses détracteurs : en répondant à toutes les questions que leur ont inspirées cette satanée IA, en étoffant (un peu) le personnage de Gabriel, en développant (un peu) son passé commun avec Ethan, en nous en racontant un chouïa sur la nana qu’il a dézinguée, en accomplissant l’exploit de faire croire au public que ce passé a toujours été là… Il faudra aussi éclaircir les zones d’ombre quant au fonctionnement de l’IA : par exemple, comment cette dernière a-t-elle échappé au contrôle des Américains, ne détiennent-ils pas son code source ? Entre autres mille questions. De mon côté, j’attends surtout de voir ce que McQ et Cruise ont a dire de clair sur la morale d’Ethan Hunt, plus précisément son sens des priorités, car jusqu’ici, ça ne l’est pas totalement : à un moment, ce dernier dit ne pas accepter que la mission prime sur la vie de ses camarades… à un autre, Gabriel dit que pour Hunt, le plus important est la mission… puis, plus tard, Ethan va carrément jusqu’à dire à Grace que sa vie comptera toujours plus pour lui que la sienne (au moins, McQ reconnaîtra le ridicule de la réplique en faisant répondre à Grace que euh, il ne la connait même pas)… serait-il Jésus réincarné embrassant l’humanité toute entière ? Serait-il un dieu luttant contre un autre dieu, et à la fin de l’affrontement, il ne pourra en rester qu’un ? Ou bien juste Tom pas encore totalement sûr encore de son plan ? Peut-être la réponse viendra décidément de cette satanée IA. Peut-être sera-ce ELLE qui dira cette fois-ci à Ethan : « votre mission, à supposer que vous l’acceptiez »…

Notes

(1) Maintenant que j’y pense, M:I nous a déjà servi une tempête de sable, dans Ghost Protocol
(2) Durant la scène du nightclub, je me suis fait la réflexion que les femmes de cette franchise sont décidément superbes, mais ne soyons pas superficiels.
(3) Celui qui faillit être Logan dans la franchise X-Men ! Sic, hein ?

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